]>
Après les premiers combats devant Troie, les deux camps observent une trève, durant laquelle Achille offre un sacrifice à Pallas. Le banquet sacrificiel se prolonge en entretiens sur la vertu guerrière, les convives évoquant principalement la récente victoire d’Achille sur l’invulnérable Cygnus. (12, 146-167)
Nestor mentionne alors un cas d’invulnérabilité comparable, celui de Cénée, du pays des Lapithes. Précisant que ce Cénée avait jadis été une femme, le vieux Nestor excite la curiosité générale, et on le prie de raconter cette histoire du temps lointain de sa jeunesse, quelque deux siècles plus tôt. (12, 168-188)
L’épreuve de ce combat fut suivie d’un repos de plusieurs jours :
les deux camps déposèrent les armes et le conflit s’interrompit.
Une garde vigilante protège les murs des Phrygiens,
et une garde vigilante protège les tranchées des Argiens,
150
quand arriva le jour de la fête où Achille, vainqueur de Cygnus,
voulut se concilier Pallas avec le sang d’une génisse qu’il avait immolée.
Quand il eut posé sur les flammes des autels les morceaux de chair,
et que leur fumet, agréé par les dieux, eut pénétré dans l’éther,
les officiants prirent la part du sacrifice, et le reste fut servi sur les tables.
155
Les chefs s’installent sur des lits, se gavent de viandes rôties
et cherchent à oublier dans le vin leurs soucis et leur soif.
Ces hommes ne se délectent ni de cithares, ni de poèmes et de chants,
pas plus que de la longue flûte de buis aux multiples trous.
Ils passent la nuit à converser, et le sujet de leurs entretiens
160
c’est la vertu guerrière ; ils évoquent leurs combats et ceux de l’ennemi,
se plaisant à rappeler tour à tour les dangers qu’ils ont rencontrés
et surmontés ; de quoi en effet aurait pu parler Achille,
ou plutôt de quoi aurait-on pu parler chez le grand Achille ?
Sa toute récente victoire sur Cygnus dont il avait triomphé
165
fut au centre de la conversation : tous trouvaient miraculeux
que le corps du jeune homme soit resté impénétrable à tous les traits,
intact de toute blessure, et capable d’émousser une pique de fer.
L’Éacide aussi s’en étonnait, tout autant que les Achéens,
quand Nestor dit ainsi : « De votre génération, le seul être
170
apte à mépriser le fer et à rester impénétrable à tous les traits,
ce fut Cygnus. Mais moi, j’ai vu jadis Cénée le Perrhébéen
supportant mille coups sans que son corps soit blessé.
Illustre par ses exploits, Cénée le Perrhébéen habitait l’Othrys,
et ce qui aurait pu être aussi plus étonnant dans son cas,
175
c’est qu’il était né femme. » Tous les assistants sont frappés
par l’étrangeté du prodige et le prient de raconter, notamment Achille :
« Vas-y, raconte, car tous nous avons le même désir de t’entendre,
éloquent vieillard, toi, qui es la sagesse de notre siècle.
Dis-nous qui était Cénée, pourquoi changea-t-il de sexe,
180
par quelle campagne, par quel combat singulier t’est-il connu,
par qui fut-il vaincu, si du moins il lui arriva d’être vaincu ? »
Alors le vieillard : « Sans doute, la pesante vieillesse me gêne
et beaucoup de choses que j’ai vues dans ma jeunesse m’échappent,
mais j’en conserve plusieurs en mémoire. Et parmi tant de faits vécus
dans la guerre et dans la paix, il n’en est aucun plus ancré en moi.
Si quelqu’un, grâce à une vieillesse prolongée, a pu être témoin
de nombreux événements, c’est bien moi, moi qui ai vécu l’espace
de deux fois cent ans. Maintenant je vis mon troisième siècle.
Nestor raconte alors que la jeune et jolie Lapithe Caenis avait tellement plu à Neptune que celui-ci la viola. En compensation le dieu l’engagea à faire un vœu. Caenis demanda à changer de sexe, pour éviter d’être à l’avenir exposée à un tel outrage. Elle fut ainsi transformée en Cénée, un jeune homme, qui reçut en outre la faveur d’être invulnérable. (12, 189-209)
Nestor évoque ensuite les noces de Pirithoüs, roi des Lapithes, qui furent perturbées par ses invités, les Centaures. Au milieu de la fête, un des Centaures, Eurytus, en état d’ébriété, enlève la mariée, Hippodamie. Il est bientôt imité par les autres Centaures, qui font chacun leur choix parmi les femmes de l’assistance, dans le désordre général. Parmi les invités, dont Nestor, Thésée blâme Eurytus de s’en prendre ainsi à son ami intime et il lui reprend Hippodamie, mais le ravisseur ne se laisse pas faire. (12, 210-234)
Caenis, fille d’Élatée, la plus belle des vierges de Thessalie,
190
était célèbre pour sa beauté. Dans les villes voisines,
dans tes propres cités – oui, Achille, elle était de ton pays – ,
de nombreux prétendants avaient sollicité sa main, mais en vain.
Peut-être Pélée aussi aurait-il été tenté de s’unir à elle ;
mais ou bien son union avec ta mère avait déjà été accomplie,
195
ou bien elle lui avait été promise, et Caenis n’épousa personne.
Un jour qu’elle arpentait un coin caché du rivage,
le dieu des mers la viola. C’est ce que disait la Renommée.
Dès que Neptune eut goûté aux joies de ce nouvel amour,
il dit : “ Tu peux faire un vœu, sans avoir à craindre un refus ;
200
choisis ce que tu voudras ! ” La même Renommée disait aussi :
“ L’outrage subi, répondit Caenis, me suggère un vœu important :
pouvoir ne plus jamais subir un tel sort. Fais que je ne sois plus femme,
et tu m’auras tout donné ”. Elle prononça ces derniers mots
sur un ton plus grave, et sa voix pouvait passer pour celle d’un homme,
205
ce qu’il était devenu. Le dieu des mers déjà avait réalisé son vœu,
et lui avait accordé de surcroît le pouvoir d’être inaccessible
à toutes les blessures et celui de ne pas périr par le fer.
Heureux de ce présent, le fils d’Atrax s’éloigne et passe sa vie
en homme, parcourant en tous sens les campagnes du Pénée. »
« Le fils de l’audacieux Ixion avait épousé Hippodamie
et avait ordonné aux sauvages fils de la Nuée de s’installer
autour de tables dressées dans un antre couvert par des arbres.
Les chefs d’Hémonie étaient là ; moi aussi, j’étais présent,
et le palais royal en fête résonnait du brouhaha de la foule.
215
On entonne le chant d’Hyménée et les torches enfument les salles.
Entourée d’une bande de mères et de jeunes femmes, arrive la mariée,
d’une insigne beauté. Nous avons proclamé Pirithoüs heureux
d’épouser cette femme, mais ce présage fut bien près d’être démenti.
Car toi, le plus sauvage des sauvages Centaures,
220
Eurytus, tu as le cœur embrasé tant par la vue de la jeune fille
que par le vin, et tu es sous la double emprise de l’ivresse et de la passion.
Aussitôt les tables sont renversées, le désordre trouble le banquet.
On enlève de force la nouvelle épousée, en la traînant par les cheveux.
Eurytus enlève Hippodamie, les autres Centaures enlevaient chacun
comme ils pouvaient la femme de leur choix : on eût dit une prise de ville.
La demeure retentit de cris de femmes ; tous promptement
nous nous levons et Thésée le premier dit : “ Quelle folie te pousse,
Eurytus, pour oser, moi vivant, provoquer Pirithoüs
et outrager sans le savoir deux personnes en une seule ? ”
230
[Le héros magnanime ne se contente pas de ce vain rappel ;
il repousse les ravisseurs menaçants, arrache la captive à leur fureur.]
Eurytus ne répond rien, car il ne pourrait justifier de tels actes
par des paroles ; mais de ses mains il frappe insolemment
le visage du généreux défenseur et lui heurte violemment la poitrine.
Thésée tue Eurytus, à l’aide d’un énorme cratère, et dès lors les Centaures font arme de tout ce qu’ils trouvent : vaisselle, candélabres, objets sacrés, etc... Le Centaure Amycus fracasse le visage du Lapithe Céladon et est à son tour abattu par Pélatès. Grynée tue deux Lapithes, Brotéas et Orios, à leur tour vengés par Exadius, qui a bénéficié des talents de magicienne de Mycalé, la mère d’Orios. (12, 235-270)
Ensuite, le Centaure Rhétée, usant d’une pièce de bois durci au feu, vient à bout de Charaxe (et indirectement de Cométès), puis s’en prend à un groupe de trois Lapithes : Corythos, Évagre et Dryas. Le Centaure abat les deux premiers, puis est à son tour victime de Dryas, qui le met en fuite. Des Centaures aussi s’enfuient. Dryas en massacre une série, tandis que le Lapithe Phorbas tue d’un coup de javelot le jeune Centaure Aphidas qui était ivre mort. (12, 271-326)
235
Justement se trouvait là tout près, orné de ciselures en relief,
un antique cratère. Cet énorme vase, plus grand que lui,
le fils d’Égée le souleva et le lança à la tête de son adversaire.
Celui-ci, vomissant par la bouche et par sa blessure du sang en caillots
mêlés à son vin et à sa cervelle, couché sur le dos dans le sable humide,
240
agite ses sabots. Ce meurtre fait bouillir de rage ses frères Centaures
qui tous à l’envi crient d’une seule voix : “ Aux armes, aux armes. ”
Le vin leur donnait du courage et, dès le début du combat,
les coupes volent : les vases fragiles et les bassins rebondis,
naguère vaisselle de table, servent alors à la guerre et aux massacres.
245
Le premier, Amycus, fils d’Ophion, n’hésita pas à dépouiller
le sanctuaire de ses offrandes. Il fut aussi le premier à enlever
du temple un candélabre garni de nombreuses lampes étincelantes.
Il le soulève bien haut, et, comme le sacrificateur prêt à briser
sous la hache du sacrifice le cou d’un taureau blanc,
il le jette sur le front de Céladon le Lapithe, transformant
en un amas confus d’os son visage devenu méconnaissable.
Les yeux sortent de leurs orbites et le coup lui brisa les os,
et lui enfonça le nez qui se fixa au milieu du palais.
Ayant arraché un pied de table en bois d’érable, un habitant de Pella,
255
Pélatès, étendit Amycus sur le sol, le menton sur la poitrine,
crachant ses dents mêlées à du sang noir, puis l’envoya rejoindre
les ombres du Tartare, en lui assénant un second coup.
Comme il se trouvait tout près, regardant d’un air effrayant
l’autel fumant, Grynée dit : “ Pourquoi ne pas nous en servir ? ”
260
Et il souleva l’immense autel dont les foyers étaient allumés,
le lança au milieu de la troupe des Lapithes, et en écrasa deux,
Brotéas et Orios. La mère d’Orios était Mycalé, bien connue
pour avoir souvent par ses incantations fait descendre
sur la terre les cornes de la lune, malgré leur résistance.
265
“ Tu n’en sortiras pas impuni, pourvu qu’on me donne un trait ! ”
avait dit Exadius, et en guise de javelot, il se servit d’un objet votif,
les cornes d’un cerf, qui se trouvaient en haut d’un pin.
Avec cette arme à deux branches, il transperce les yeux de Grynée
et les arrache de leurs orbites : un œil reste attaché aux cornes,
270
l’autre glisse et reste pendu dans sa barbe, retenu par le sang durci.
Voilà que Rhétée arrache du milieu des autels une bûche
de prunier enflammé et, d’un coup à droite, il toucha Charaxe
dont les tempes étaient couvertes d’une fauve chevelure.
Comme une moisson sèche, les cheveux saisis par la flamme
275
s’embrasèrent rapidement et, au contact du feu, le sang de la plaie
rendit un son effrayant, qui siffla comme fait souvent le fer rougi
que le forgeron retire du feu avec des pinces recourbées,
pour le plonger dans un bassin d’eau : le fer grésille
et siffle quand on l’immerge dans l’eau tiède.
280
Le blessé secoue de ses cheveux dressés le feu qui les dévore,
descelle du sol un seuil de pierre et soulève sur ses épaules
ce qui serait la charge normale d’un chariot. Vu le poids du bloc,
il ne peut lancer contre les ennemis la pierre, qui va même
écraser son compagnon, Cométès, debout tout près de lui.
285
Rhétée ne contient pas sa joie, disant : “ Fassent les dieux
que ceux de ton camp soient tous aussi forts que toi ! ”
Avec son tison à demi brûlé, il le blesse à nouveau, et le frappe
violemment à trois et à quatre reprises, lui brisant la nuque
et lui enfonçant les os dans les chairs flasques du cerveau.
290
Victorieux, il s’en prit alors à Évagre, Corythos et Dryas.
Lorsque Corythus, aux joues couvertes de leur premier duvet,
s’affaissa, Évagre dit : “ Quelle gloire peux-tu t’attirer
en abattant un enfant ? ” Rhétée ne le laisse pas en dire plus.
Furieux, il lui enfonça le tison enflammé dans la bouche béante
295
tandis qu’il parlait et, à travers la bouche, atteignit la poitrine.
Toi aussi, farouche Dryas, il te poursuit agitant son brandon
autour de ta tête ; mais avec toi il n’obtient pas le même résultat.
Tandis qu’il triomphait après le succès de ces meurtres répétés,
tu lui plantes ton épieu durci au feu entre la nuque et l’épaule.
300
Rhétée pousse un gémissement ; non sans mal il retire l’épieu
de l’os qui le retenait, puis s’enfuit baigné de son propre sang.
Avec lui, prennent la fuite Ornéus et Lycabas et Médon,
blessé au bras droit, ainsi que Thaumas accompagné de Pisénor
et Mermérus qui, après avoir vaincu tout le monde à la course à pied,
305
marchait alors plus lentement, parce qu’il était blessé.
Pholus et Mélaneus, et Abas, chasseur de sangliers, s’enfuient aussi,
de même que celui qui avait vainement déconseillé la guerre aux siens,
l’augure Astylos ; celui-ci avait même dit à Nessus qui redoutait un coup :
“ Ne fuis pas ! Tu seras épargné, car tu es réservé à l’arc d’Hercule. ”
310
Mais ni Eurynomos et Lycidas, ni Aréus et Imbréus
n’échappèrent à la mort ; Dryas, de sa droite, frappa devant lui
tous ses adversaires. Toi aussi tu reçus un coup de face,
Crénée, alors même que tu fuyais, le dos tourné ; en effet,
en te retournant, tu reçus une lourde pique entre les deux yeux,
315
à la base du nez, là où il est en contact avec le front.
Dans tout ce tumulte, Aphidas gisait, profondément endormi,
engourdi jusqu’au fond des veines, impossible à réveiller ;
d’une main languissante il tenait une coupe de vin mêlé d’eau,
étendu sur l’épaisse toison d’une peau d’ourse de l’Ossa.
320
Dès qu’il le vit de loin, inoffensif, n’agitant aucune arme,
Phorbas inséra ses doigts dans la courroie de son arme et dit :
“ Tu boiras ton vin en le mélangeant à l’eau du Styx ”.
Sans plus attendre, il brandit son javelot vers le jeune Centaure,
et le frêne à la pointe de fer l’atteignit au cou, tel qu’il était,
325
couché sur le dos. Il ne sentit pas venir la mort : un flot de sang noir
emplit sa gorge et coula à flots sur sa couche et même dans sa coupe.
Phrygiens... Argiens (12, 148-149). Termes désignant respectivement les Troyens, habitants de la Phrygie, et les Grecs, dont le général en chef Agamemnon venait d’Argolide.
Éacide (12, 168). Achille, petit-fils d’Éaque, appelé aussi parfois fils de Pélée (cfr 12, 82).
Nestor (12, 169). Héros omniprésent dans l’Iliade, Nestor, fils de Nélée et de Chloris, était roi de Pylos, en Messénie. Il incarne depuis Homère le type du vieillard plein d’expérience et de sagesse. Sa longue vie (Apollon lui aurait accordé de vivre durant plus de trois générations) lui a permis de participer, longtemps avant Troie, à l’expédition des Argonautes (selon certaines versions), à la chasse de Calydon (voir 8, 313), et, comme le présente la suite de ce passage d’Ovide, au combat des Centaures et des Lapithes.
Cénée le Perrhébéen (12, 172). Caenis (Caenis/Cénis/Caenus/Cénée) fut d’abord la fille, très belle, d’un Lapithe, nommé Élatée. Ovide fait raconter ici par Nestor sa pittoresque histoire : son viol par Neptune/Poséidon, son changement de sexe et son invulnérabilité (v. 189-209), son combat contre les Centaures (12, 210-497), et enfin sa fin et sa métamorphose en oiseau (12, 498-535). Sur sa légende, cfr notamment Apollodore, Epitome, 1, 22. - Un Cénée avait participé à la chasse au Sanglier de Calydon (8, 305). - De même que les Lapithes, les Perrhébéens étaient un peuple archaïque de Thessalie ; il appartenait à l’histoire, mais surtout à la mythologie.
Othrys (12, 173). L’Othrys était une montagne de Thessalie.
Pélée (12, 193-195). Pélée était le père d’Achille. Son union avec Thétys a été évoquée en 11, 217-265.
Renommée (12, 197). Voir 12, 43.
fils d’Atrax (12, 208). Plus haut, au vers 189, Caenis a pour père Élatée. On ne sait guère expliquer ce qui apparaît chez Ovide comme une contradiction. Mais le fait est qu’Antoninus Liberalis, 17, 4, fait de Caenis une fille d’Atrax. De toute façon, la question est secondaire.
Pénée (12, 209). Fleuve de Thessalie. Pénée, dieu de ce fleuve, est le père de Daphné : voir 1, 452 et 543-567, ainsi que 2, 243.
Lapithes et Centaures (12, 210-535). Peuple mythique de Thessalie, les Lapithes ont pour ancêtre éponyme Lapithès, fils d’Apollon et petit-fils du dieu fleuve Pénée. Ce Lapithès serait lui-même l’ancêtre d’Ixion et de Pirithoüs. - Les Centaures, êtres hybrides, ayant la tête et le buste d’un homme et le reste du corps d’un cheval, remonteraient pour leur part à Centauros, frère de Lapithès. La version la plus répandue de la légende fait naître les Centaures des amours sacrilèges d’Ixion et de Néphélé, une nuée qui avait revêtu la forme d’Héra, d’où le terme Nubigenae « fils des nuées », qui les désigne parfois. - Lapithes et Centaures étaient donc des demi-frères ou des cousins. Ils interviennent dans de nombreuses légendes, dont la plus connue est le fameux combat, relaté ici par Ovide dans une version haute en couleurs. Cette lutte a souvent servi dans la sculpture grecque (par exemple sur le fronton occidental du temple de Zeus à Olympie, sur les métopes du Parthénon à Athènes, etc.) à symboliser la lutte de la civilisation (Lapithes) contre la barbarie (Centaures). - On pourra comparer les circonstances et certains épisodes de ce combat à celui de Persée contre Phinée, en 5, 89-148.
fils d’Ixion... (12, 210). Il s’agit de Pirithoüs, fils d’Ixion, roi des Lapithes, qui avait invité à ses noces avec Hippodamie (fille d’Adraste ou de Butès), ses cousins les Centaures, fils des nuées ou de la Nuée (= Néphélé), comme il est dit dans la note précédente. - Ixion est qualifié d’audacieux, parce que, coupable de parjure, de meurtre, de sacrilège, d’ingratitude à l’égard de Zeus, le seul à avoir consenti à lui pardonner, il tenta de faire violence à Héra. Zeus et/ou Héra interposèrent entre Ixion et la déesse Néphélé, une nuée ressemblant à Héra. C’est ainsi que naquit Centauros, le père des Centaures. Dès lors, Zeus fut impitoyable et punit Ixion en l’attachant à une roue enflammée lancée dans les airs et destinée à tourner sans fin. Ixion fait partie du catalogue des damnés, en compagnie d’autres grands criminels (Tityos, Tantale, Sisyphe, les Danaïdes). Voir 4, 461, qui renvoie à Én., 6, 601 et note).
chefs d’Hémonie (12, 213). L’Hémonie est un synonyme de Thessalie (voir 11, 229, renvoyant à d’autres passages). Aux chefs de Thessalie (entre autres les Lapithes) s’ajoutaient donc d’autres héros, dont Nestor.
Hyménée (12, 215). Le dieu du mariage, dont on invoquait le nom à l’occasion des mariages. Personnification du chant de mariage ou d’Hyménée.
Eurytus (13, 220). C’est le nom attribué ici au Centaure qui déclencha la querelle fameuse. L’épisode remonte à Homère, Odyssée, 21, 295-305, où il porte le nom d’Eurytion.
Thésée (12, 227). Célèbre héros de l’Attique, fils d’Égée, dont le rôle dans les Métamorphoses est évoqué passim entre 7, 404ss et 9, 97ss. Voir surtout note à 7, 404. Il est un ami inséparable de Pirithoüs, comme on l’a vu à Calydon (8, 303 ; 8, 403-410 ; 8, 566-567).
ne se contente pas... (12, 230-231). Beaucoup d’éditeurs (mais ce n’est pas le cas de G. Lafaye) considèrent ces deux vers comme interpolés.
cratère (12, 236). Comme l’épisode raconté en 5, 80.
Amycus... (12, 245). Après le récit du massacre d’Eurytus par Thésée, commence ici une longue description dans laquelle, selon J. Chamonard, « Ovide mettra en scène soixante-seize personnages (53 Centaures et 23 Lapithes), dont un certain nombre, comme Peiritoos, Pélée, Thésée, le devin Mopsos, appartiennent à la légende, mais dont la plupart sont inconnus par ailleurs. Il est vraisemblable qu’Ovide a pris ces noms dans quelque catalogue dressé à l’époque alexandrine, du genre des listes que nous trouvons dans Hygin pour les Argonautes (Fab. 14), les prétendants d’Hélène (Fab., 81), les fils et filles de Priam (Fab., 90), les Danaïdes (Fab., 170), les chasseurs de Calydon (Fab., 173), les chiens d’Actéon (Fab., 181), etc. On se bornera donc à les transcrire ».
cornes de la lune (12, 264). Sur cette pratique de la magie, censée provoquer les éclipses, voir 7, 207.
cornes d’un cerf (12, 267). Peut-être un ex-voto consacré à Diane après une chasse fructueuse (G. Lafaye). Sans doute Ovide veut-il insister sur l’intervention miraculeuse de Diane en faveur du Lapithe, grâce à l’intervention magique de Mycalé.
Mycalé (12, 263). On ne dispose pas d’informations particulières sur cette magicienne Mycalé, qui porte un nom de montagne (2, 223).
Nessus (12, 308). Sur le Centaure Nessus, voir 9, 101-133 : Ovide y raconte sa mort sous les coups d’Hercule, qui le punit d’avoir voulu abuser de son épouse Déjanire.
Ossa (12, 319). Une montagne de Thessalie. Voir 1, 155 ; 2, 225 ; 7, 224.