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Après l’apothéose d’Hercule, le récit nous ramène à Argos : Alcmène vieillissante y a pour compagne et confidente sa bru, Iolé, qu’elle a l’habitude d’entretenir de ses malheurs et des « Travaux » de son illustre fils. Iolé attendant un enfant d’Hyllus, c’est l’occasion pour Alcmène de souhaiter bonne chance à la future mère, et d’aborder le récit de la naissance d’Hercule. (9, 273-284)
De cette naissance, ellle raconte les moments pénibles dus à la malveillance de Junon, qui s’arrangea, avec des divinités à sa solde, pour retarder des jours durant la délivrance d’Alcmène. Lucine notamment se tenait mains et genoux joints à la porte de la parturiente, un rituel magique empêchant la naissance. (9, 285-305)
Celle-ci eut lieu, grâce à la ruse de Galanthis, une fidèle servante d’Alcmène, qui vint annoncer à Lucine que la naissance avait eu lieu. Surprise, Lucine dénoua mains et genoux, annihilant l’effet maléfique et permettant ainsi la délivrance. Parce qu’elle se moqua de la déconvenue de Lucine, Galanthis fut punie et métamorphosée en un animal non précisé, qui pourrait être une belette. (9, 306-323)
Atlas ressentit ce poids. À ce moment encore, le fils de Sthénélée,
Eurysthée, n’avait pas apaisé sa colère et reportait sur le fils
la haine féroce qu’il vouait au père. De son côté, Alcmène d’Argos,
longtemps rongée de soucis, a près d’elle Iolé à qui elle raconte,
quand elle oublie ses plaintes de vieille femme, les épreuves de son fils,
connues de l’univers, ou ses propres malheurs. Sur ordre d’Hercule,
Hyllus avait accueilli la jeune femme dans son lit et dans son cœur
280
et avait empli son sein de sa féconde semence, quand Alcmène
se met à raconter ainsi : « Que les dieux du moins te soient favorables
et t’évitent des douleurs prolongées lorsque, arrivée à terme,
tu appelleras Ilithye, protectrice des parturientes apeurées,
elle que sa complaisance envers Junon rendit hostile à mon égard.
285
Déjà s’annonçait la naissance d’Hercule, né pour endurer des épreuves,
et l’astre du jour faisait pression sur le dixième signe du zodiaque.
Le poids de l’enfant tendait mon ventre, et la charge que je portais
était si énorme que l’on pouvait déclarer Jupiter responsable
de ce fardeau caché. Je ne pouvais supporter les douleurs
290
plus longtemps ; bien plus, maintenant encore, quand j’en parle,
mon corps se glace et ce souvenir fait partie de ma souffrance.
Pendant sept nuits et autant de jours, j’ai vécu un supplice,
295
Lucine vint bien sûr, mais elle avait été corrompue,
et elle voulait offrir ma vie à l’inique Junon.
Elle m’entendit gémir et aussitôt s’assit sur cet autel,
à l’entrée, posa son genou droit sur son genou gauche
et, tenant ses doigts joints comme les dents d’un peigne,
300
elle retarda ma délivrance. Elle prononça aussi des formules
à voix basse et ses incantations entravèrent le travail commencé.
Je fais des efforts et, perdant l’esprit, j’adresse de vains reproches
à Jupiter, je le traite d’ingrat, je souhaite mourir, et mes plaintes
pourraient ébranler la dureté des rocs. Les matrones Cadméennes
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sont présentes, font des vœux et me soutiennent dans la douleur.
Une de mes servantes, une fille du peuple, Galanthis, était près de moi ;
sa blonde chevelure, son zèle à exécuter mes ordres, ses services
me l’avaient attachée ; elle avait compris que là se machinait
je ne sais quelle injustice de Junon. Passant sans cesse la porte
310
pour entrer et sortir, elle voit la déesse assise sur l’autel,
tenant sur ses genoux ses bras joints et ses doigts serrés.
Elle lui dit : “ Qui que tu sois, félicite ma maîtresse.
Alcmène d’Argos est délivrée, elle est mère, son vœu est accompli. ”
La déesse maîtresse des accouchements sursauta et, dans son effroi,
315
dénoua ses mains jointes ; ces liens relâchés, moi aussi je suis délivrée.
On raconte que Galanthis rit de la déconvenue de la divinité ;
la déesse furieuse attrapa l’impertinente par les cheveux,
la traîna sur le sol, et comme sa victime voulait se relever,
Lucine l’en empêcha et transforma ses bras en pattes antérieures.
320
Son zèle d’antan subsiste et le pelage de son dos n’a rien perdu
de sa couleur ; mais sa forme est différente de ce qu’elle était.
Pour avoir aidé une femme en couches d’une bouche menteuse
elle enfante par la bouche ; et comme avant elle hante nos maisons. »
Iolé à son tour y va d’une histoire plus triste encore, celle de Dryopé, sa demi-sœur, épouse d’Andrémon et mère d’un petit Amphissos. Un jour, la jeune femme se rendit dans la montagne pour y honorer les nymphes. Là, elle coupa quelques fleurs d’un arbre, pour amuser son bébé. Elle fut surprise de voir du sang s’écouler des fleurs coupées. Elle ignorait que cet arbre à fleurs de lotus n’était autre que la nymphe Lotis qui, en se métamorphosant ainsi, avait échappé aux assiduités du dieu Priape. (9, 323-348)
Bientôt Dryopé se sent clouée sur place, se métamorphosant elle aussi en un arbre à fleurs de lotus ; progressivement son corps se durcit, se couvre d’écorce et de feuilles. Ni Iolé, qui l’accompagnait, ni le père ni le mari de la malheureuse, qui la cherchaient partout, ne purent rien contre ce sort immérité, dû à la colère de Lotis. Dryopé, avant de fermer les yeux, assure ses proches de son innocence et leur fait d’émouvantes recommandations concernant son enfant. (9, 349-393).
Alcmène finit son récit et, à l’évocation de son ancienne servante,
325
elle s’émeut et se lamente. La voyant triste, sa bru lui dit :
« Pourtant, ô mère, c’est la métamorphose d’une étrangère à notre sang
qui t’émeut ainsi. Que serait le récit de l’étrange destin de ma sœur,
mais les larmes et la douleur m’empêchent, m’interdisent
d’en parler ? Mon père m’ayant eue d’une autre femme,
330
Dryopé était l’unique fille de sa mère, et pour sa beauté
la plus célèbre des femmes d’Oechalie. Privée de sa virginité
par la violence que lui fit subir le dieu de Delphes et Délos,
elle devint l’épouse d’Andrémon et passait pour le rendre heureux.
Il existe un lac, dont les berges en pente douce ressemblent
335
au rivage incliné de la mer et sont couronnées de myrtes à leur sommet.
Ignorant son destin, Dryopé s’y était rendue, avec l’intention,
(ce qui t’indigneras davantage) de porter aux nymphes des couronnes.
Dans ses bras elle portait son enfant, de moins d’un an,
doux fardeau, qu’elle nourrissait de son lait tiède et généreux.
Non loin de l’étang, un lotus aquatique, avec ses couleurs
imitant la pourpre de Tyr, était couvert de fleurs, prometteuses de baies.
Dryopé en avait cueilli, qu’elle tendait à son petit comme un jouet,
et je me disposais à en faire autant – car j’étais près d’elle –,
lorsque je vis que des gouttes de sang tombaient des fleurs,
345
et que les tiges tremblantes s’agitaient dans un frisson.
C’est que, comme des paysans nous l’apprirent enfin, mais trop tard,
la nymphe Lotis, fuyant les obscénités de Priape, s’était transformée
en cet arbuste, reportant sur lui ses traits, tout en gardant son nom.
Ma sœur ne l’avait pas su ; effrayée, elle voulut repartir
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et prendre congé des nymphes qu’elle était venue invoquer,
mais ses pieds restèrent fixés au sol par des racines ; elle lutte
pour s’arracher, mais rien ne bouge sinon sa tête ; depuis le bas
pousse une souple écorce, qui peu à peu lui enveloppe les aines.
Voyant cela, de la main, elle tente de s’arracher les cheveux,
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et sa main se remplit de feuilles : sa tête en était toute couverte.
Le petit Amphissos, – nom que lui avait donné
Eurytus, son aïeul –, sent se durcir la poitrine de sa mère,
et le lait maternel ne répond plus à sa demande.
J’étais là, spectatrice de ce destin cruel, sans pouvoir,
360
ô ma sœur, te porter secours ; tant que j’en eus la force,
embrassant rameaux et tronc, je cherchais à ralentir leur croissance,
et j’avoue avoir voulu disparaître sous cette même écorce.
Mais voici qu’arrivent Andrémon et son malheureux père,
à la recherche de Dryopé. Et quand ils demandent Dryopé,
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je leur indique un lotus. Ils couvrent de baisers le tronc tiède,
et, prosternés, ne se détachent pas des racines de l’arbre chéri.
Déjà tu n’avais plus rien qui ne fût arbre, sinon ton visage,
ma sœur chérie. Des larmes, telle la rosée, couvrent les feuilles
nées de son pauvre corps, et aussi longtemps que sa bouche,
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laisse passer sa voix, elle emplit les airs de ces plaintes :
“ Si les malheureux sont dignes de foi, non, je le jure par les dieux,
je n’ai pas mérité cette honte ; je suis châtiée sans être criminelle ;
j’ai vécu dans l’innocence. Si je mens, je veux bien me dessécher,
perdre les feuilles que je porte, et brûler, abattue à coups de cognée.
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Mais du moins, retirez cet enfant des branches qui étaient sa mère,
confiez-le à une nourrice et faites que sous notre arbre,
il soit souvent allaité, que sous notre arbre il vienne jouer.
Et quand il pourra parler, faites qu’il vienne saluer sa mère
et dire avec tristesse : ‘Ma mère est cachée dans ce tronc.’
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Mais, qu’il redoute les étangs, qu’il évite de cueillir les fleurs des arbres,
ayant à l’esprit que toutes les pousses sont un corps divin.
Adieu, mon époux chéri, et vous, ma sœur et mon père.
Si vous avez pour moi quelque piété, protégez mon feuillage
de la blessure d’une serpe acérée, des morsures d’un troupeau.
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Et puisque il ne m’est pas permis de me pencher vers vous,
élevez-vous vers moi et approchez-vous de mes lèvres
tant qu’on peut les toucher. Soulevez aussi vers moi mon petit !
Je ne puis parler davantage. Car déjà une souple écorce gagne
ma nuque blanche et une haute cime se referme sur moi.
390
Ôtez vos mains de mes yeux ; que, sans votre aide,
l’écorce qui m’enveloppe ferme mes yeux mourants ! ”
Sa bouche avait cessé au même instant de parler et d’exister ;
et longtemps après sa mutation, ses jeunes branches restèrent chaudes. »
La tristesse née de ces deux récits est bientôt dissipée par l’apparition inattendue de Iolaüs, sous les traits qu’il avait, enfant. Hébé, auteur de ce miracle, est bien décidée à ne plus répéter ce geste à l’avenir, mais aussitôt Thémis la contredit, en prophétisant une guerre liée à la légende thébaine, où interviendront rajeunissements ou vieillissements « hors norme », par exemple le vieillissement des fils de Callirhoé, qui purent ainsi venger leur père. (9, 394-417)
L’intervention de Thémis donne à divers dieux l’envie de bénéficier du même droit à la jeunesse pour certains de leurs protégés. Mais, lors d’un conseil, Jupiter les ramène à la raison, leur rappelant que tous, dieux compris, sont soumis à la loi du destin et signalant, à titre d’exemple, que lui-même n’a pu empêcher ses propres fils Éaque, Rhadamanthe et Minos, de connaître la vieillesse. (9, 418-442)
Tandis que Iolé rapporte ce récit étonnant, tandis qu’Alcmène,
395
qui pleure pourtant elle aussi, sèche d’un geste du pouce
les larmes de la fille d’Eurytus, un incident inattendu
vint dissiper toute tristesse. En effet, en haut du seuil, se présenta
une figure presque enfantine, aux joues couvertes d’un fin duvet :
c’était Iolaüs, arborant le visage remodelé de ses jeunes années.
400
Hébé, fille de Junon, sensible aux prières de son époux,
lui avait offert cet avantage. Comme elle se préparait à jurer
qu’elle n’accorderait plus à personne après lui un tel présent,
Thémis ne le toléra pas, disant : « Déjà des guerres intestines
se lèvent à Thèbes, et nul sinon Jupiter ne pourra vaincre
405
Capanée ; des frères seront égaux dans leurs blessures,
et sous la terre entrouverte, un devin verra, de son vivant,
ses propres mânes. Meurtrier de sa mère pour venger son père,
un fils, pour le même acte, sera pieux et criminel ;
horrifié par ses méfaits, il perdra la raison et sera exilé de sa patrie ;
410
il sera tourmenté par les visages des Euménides et les ombres de sa mère,
jusqu’au jour où son épouse lui réclamera l’or fatal
et où l’épée de Phégée transpercera le flanc de son parent.
Alors enfin, la fille d’Achéloüs, Callirhoé, demandera en suppliante,
au grand Jupiter de donner des années à ses nouveau-nés
415
pour que ne reste pas longtemps invengée la mort d’un vainqueur.
Jupiter, ému par ces prières, obtiendra par avance les présents
de sa belle-fille et bru, et fera de ces enfants, des hommes. »
Dès que Thémis, de sa voix prophétique, eut révélé l’avenir
qu’elle connaissait, les dieux se répandirent en propos divers,
420
se demandant, dans un murmure, pourquoi il n’était pas permis
d’accorder à d’autres le même présent. La fille de Pallas déplore
la vieillesse de son époux ; la douce Cérès déplore chez Iasion
ses premiers cheveux blancs, et Mulciber exige qu’Érichthonius
recommence sa vie ; Vénus aussi se soucie de l’avenir
et propose de renouveler les années d’Anchise.
Chacun des dieux a un protégé à aider. Dans leur zèle,
ils provoquent une révolte confuse, quand Jupiter prend la parole :
« O dieux ! Si vous avez quelque respect pour moi, » dit-il,
« où vous ruez-vous ? Quelqu’un se croit-il assez puissant
pour triompher du destin même ? C’est le destin qui fit que Iolaüs
a retrouvé ses années déjà vécues ; c’est le destin qui doit rajeunir
les fils de Callirhoé, et non pas l’ambition et les armes.
Vous aussi, vous devez accepter cette règle de meilleur gré,
moi aussi, je suis soumis au destin. Si je pouvais changer ces règles,
435
mon cher Éaque ne serait pas courbé sous le poids des années,
et on verrait vivre à jamais dans la fleur de leur âge, Rhadamanthe
ainsi que mon cher Minos qui, écrasé par l’amère vieillesse,
vit dans le mépris et ne règne plus avec son prestige d’antan. »
Les paroles de Jupiter émeuvent les dieux ; nul ne poursuit ses plaintes
440
en voyant Rhadamanthe et Éaque, épuisés par les ans,
ainsi que Minos. Ce dernier, tant qu’il fut dans la force de l’âge,
avait fait, par son seul nom, trembler de grandes nations.
Atlas (9, 273). La voûte céleste, qu’était chargé de porter le géant Atlas, était devenue plus lourde, dès que Hercule était arrivé parmi les dieux. Voir note à Mét., 9, 190 et à Mét., 2, 296, ainsi que le texte de Mét., 4, 628-638, avec les notes.
Eurysthée, fils de Sthélénée (9, 273-274). Eurysthée, cousin et rival d’Héraclès-Hercule, était le fils de Sthélénée d’Argos, lui-même fils de Persée et d’Andromède (4, 663). Cfr la présentation générale de la légende d’Hercule, dans laquelle Eurysthée joue un grand rôle. Ovide évoque ici la haine qu’éprouve Eurysthée pour Hercule et pour la progéniture de ce dernier (en particulier Hyllus). Cette légende est longuement développée dans les Héraclides d’Euripide.
le fils (9, 274). Il s’agit d’Hyllus, le fils que Déjanire avait donné à Héraclès. D’après les Trachiniennes de Sophocle, Hercule, au moment de mourir, avait imposé à Hyllus d’épouser Iolé, qu’il avait ramenée d’Oechalie et qui était devenue sa concubine.
Alcmène (9, 275). Fille du roi de Mycènes (d’où l’expression « Alcmène d’Argos »), c’est la mère d’Héraclès. Vieillisante, elle a pour compagne et confidente, Iolé, l’ancienne concubine d’Héraclès et qui attend maintenant un enfant de Hyllus, le fils du héros. Alcmène entretient régulièrement Iolé des malheurs et des « Travaux » d’Héraclès, et peut-être pour souhaiter bonne chance à la future mère, elle aborde le récit de la naissance d’Héraclès (9, 273-284). Il est difficile de préciser où Ovide situe la scène (peut-être à Argos ?).
Iolé (9, 276). Fille du roi Eurytos d’Oechalie, concubine de Héraclès et maintenant épouse du fils de ce dernier, Hyllus, dont elle attend un enfant.
Ilithye (9, 283). Déesse grecque de la naissance, fille de Zeus et Héra. Elle se comporte en fidèle servante de sa mère, qu’elle assiste dans ses haines. À Rome, elle est parfois identifiée à Junon Lucina.
astre du jour... (9, 286). Façon recherchée de dire que la grossesse arrivait à son terme (les Anciens comptaient dix mois lunaires).
Lucine (9, 294). Lucine, équivalent romain de Ilithye (cfr 9, 283).
les Nixes (9, 294). Les éditeurs proposent Nixes ou Nixas. Pour P. Grimal, les Nixes sont trois divinités féminines, dont les statues agenouillées, se voyaient à Rome sur le Capitole, et représentaient les efforts (nixus / nisus) des femmes s’accouchant. Elles étaient en quelque sorte des « assistantes » de Ilythie. Elles sont rarement citées dans la littérature antique.
Cadméennes (9, 304). C’est-à-dire des femmes de Thèbes, ville fondée par Cadmus (cfr Mét., 3, 1-137) et où habitaient Alcmène et Amphitryon lors de la naissance d’Héraclès.
Galanthis (9, 306-323). Servante, amie d’Alcmène, connue aussi sous le nom de Galinthias, chez Antoninus Liberalis, Métamorphoses, 29 (qui raconte à quelques détails près la même histoire qu’Ovide, en citant Nicandre comme source). Punie pour s’être moquée des divinités, Galanthis fut transformée en un animal, que ne désignent ni Ovide ni Antoninus Liberalis. Les commentateurs pensent qu’il s’agirait d’une belette, à cause du nom de cet animal en grec (galê), mais l’idée que la belette mettrait bas par la bouche ne s’explique pas facilement (cfr J. Chamonard).
la déesse (9, 310). Lucine, équivalent romain de Ilithye (voir 9, 294).
bru (9, 325). Iolé, qui avait été la dernière compagne d’Hercule, fils d’Alcmène, est en quelque sorte la belle-fille d’Alcmène. Voir 9, 134-140 et note à 9, 275.
Dryopé (9, 330-331). Selon Antoninus Liberalis, Métamorphoses, 32, Dryopé est la fille de Dryops et de Polydora. Jouant souvent avec les nymphes Hamadryades, elle inspire une passion à Apollon, qui en se transformant en tortue, puis en serpent, abuse d’elle. Sans rien dire de son aventure, elle épouse alors Andrémon, et met au monde Amphissos, qui est en fait un fils d’Apollon. Elle fut enlevée un jour par les Nymphes qui en firent une des leurs, métamorphosée en peuplier. Ovide adopte donc une version différente sur divers points. Il fait de Dryopé une sœur de Iolé, donc une fille d’Eurytos, et la présente en outre comme une des plus belles filles d’Oechalie (voir note à 9, 136).
dieu de Delphes et Délos (9, 332). Apollon.
Andrémon (9, 333). Fils d’Oxylos, époux de Dryopé et père d’Amphissos.1, 415-440
lotus (9, 340). Il s’agirait non d’une sorte de nénuphar, mais d’un arbuste que certains commentateurs identifient au jujubier.
pourpre de Tyr (9, 341). Tyr, ville de Phénicie, réputée pour sa pourpre. Voir 6, 9 ; 6, 61 et 6, 222.
Lotis (9, 347). Ovide, avec sa fantaisie caractéristique, raconte dans les Fastes (1, 415-440, avec les notes), l’aventure de Lotis poursuivie par Priape, sans faire allusion, dans cette œuvre, à une quelconque métamorphose. Antoninus Liberalis pour sa part ne fait allusion ni à Lotis ni à Priape.
Amphissos (9, 356). Le fils de Dryopé et d’Apollon. Cfr note à 9, 331-332.
Andrémon (9, 363). Époux de Dryopé. Cfr note à 9, 331-332.
Iolaüs (9, 399). Fils d’Iphiclès, neveu d’Héraclès, qu’il assista dans tous ses « Travaux », en tranchant notamment les têtes de l’Hydre de Lerne (voir note à 9, 69-76). Il joue un rôle dans l’histoire de la « folie d’Héraclès ». On sait que frappé de folie par Héra, le héros avait massacré les enfants qu’il avait eus de Mégara, fille de Créon, roi de Thèbes. Dans certaines versions, Héraclès massacre également Mégara, alors que dans d’autres, il s’en prend seulement aux enfants. Dans les versions qui « épargnent » Mégara, le héros, ne voulant plus de sa femme dont la vue seule lui rappelle sa folie sanguinaire, la donne comme épouse à Iolaüs. Plus tard, à un âge avancé, Iolaüs voulut prendre part à une guerre en faveur des Héraclides contre Eurysthée, et il obtint d’Hébé de pouvoir rajeunir pour une journée.
Hébé (9, 400). Après son apothéose, Héraclès-Hercule était devenu l’époux d’Hébé, fille de Zeus et de Héra, et personnification de la jeunesse.
Thémis (9, 403). Fille d’Ouranos et Gaia, Thémis apparaît comme la personnification de la Loi ou de la Justice éternelle, et est la conseillère de Zeus. Elle passe pour avoir inventé les oracles, les rites et les lois, et avoir rendu ainsi service aux dieux. Voir 1, 321 et 1, 379.
Thèbes (9, 404). Thémis évoque ici la guerre que se livrèrent Étéocle et Polynice, pour le royaume de Thèbes : avec six autres chefs, Polynice venant d’Argos fit le siège de Thèbes. Voir Les Sept contre Thèbes, d’Eschyle.
Capanée (9, 404). Capanée, un des sept chefs ligués contre Thèbes, périt foudroyé par Jupiter.
frères égaux (9, 405). Les deux frères qui s’entretuèrent étaient Étéocle et Polynice, deux fils d’Oedipe.
un devin (9, 406-407). Il s’agit d’Amphiaraos d’Argos, fils d’Oeclès et d’Hypermestre (cfr 8, 316), un devin célèbre. Il avait prédit la mort de tous les Argiens qui participeraient à l’expédition contre Thèbes. Mais son épouse, Ériphylé, ayant été séduite par Polynice qui lui avait offert le collier d’Harmonie, épouse de Cadmos, l’obligea à prendre part à cette expédition. Amphiaraos périt donc à cause de son épouse, non sans avoir fait promettre à ses fils de le venger. Ayant joué un grand rôle lors de la première expédition contre Thèbes, il fut mis en déroute et dut s’enfuir. Au moment où il allait être rejoint, Zeus entrouvrit la terre devant lui et l’engloutit vivant avec son char et ses chevaux.
un fils (9, 408). Le fils, « meurtrier de sa mère », est Alcméon, un des fils du devin Amphiaraos, dont il vient précisément d’être question et qui avait promis de venger la mort de son père. Pour cela il tua sa mère, Éryphilé.
Euménides (9, 410). Pour avoir tué sa mère, Alcméon sera poursuivi par les Érynies ou Euménides, comme l’avait été Oreste après le meurtre de Clytemnestre, au point d’en perdre la raison. Il se réfugia en Arcadie.
son épouse (9, 411). En Arcadie, Alcméon épousa la fille du roi Phégée, Arsinoé, à qui il offrit le fameux collier d’Harmonie, qu’avait déjà exigé (et obtenu) son épouse précédente, Éryphilé.
Phégée (9, 412). Le roi, dont Alcméon avait épousé la fille. Comme on le verra dans la note suivante, Alcméon périra de la main des fils de Phégée.
Callirhoé (9, 413-414). N’ayant pu trouver l’apaisement en Arcadie, Alcméon consulta la Pythie, qui le dirigea vers le fleuve Achéloüs, dont il épousa la fille, Callirhoé. Cette dernière voulut à son tour posséder le fameux collier. Alcméon alla le rechercher en Arcadie, où il périt de la main des fils de Phégée. Ces derniers consacrèrent le bijou à Apollon. À la mort d’Alcméon, Callirhoé obtient de Jupiter que leurs fils atteignent directement l’âge adulte afin de pouvoir venger leur père, qui avait remporté une victoire à Thèbes. Sur cette légende, voir Apollodore, Bibl., 3, 7, 5-7 (86-94).
belle-fille et bru (9, 417). Hébé. Voir note au vers 400. Jupiter était non seulement le père d’Hébé, mais aussi son beau-père.
Dès que Thémis (9, 418). Début d’un nouveau conseil des dieux. Ovide en avait déjà imaginé un précédemment, en 9, 242-258, où avait été discutée l’apothéose d’Hercule.
fille de Pallas (9, 421). Il s’agit d’Eos ou Aurore, fille du Titan Pallas (d’Hypérion selon certaines versions), connue pour ses nombreuses amours (voir note à 7, 703 et passim la légende de Céphale et Procris, en 7, 661-865). Ici, Ovide évoque ses amours avec son époux Tithonos, un Troyen qu’elle enleva et emmena en Éthiopie. Elle avait obtenu l’immortalité pour lui, mais non la jeunesse éternelle, si bien que le vieillard, accablé d’infirmités, fut enfermé dans le palais de l’Aurore où il vécut misérablement.
Iasion (9, 422). Iasion est un fils de Zeus et d’Électre. Il est connu pour ses amours avec Déméter (Cérès), dont il eut un fils, Ploutos. Ovide semble le seul à parler de son vieillissement.
Mulciber (9, 423). Mulciber est un nom de Héphaïstos/Vulcain (Cfr 9, 262).
Érichthonius (9, 424). La légende d’Érichtonios, fils né sans mère, a été évoquée en 2, 553, avec la note. Ovide semble suggérer que Vulcain exige pour son fils une vie qu’il recommencerait dans des conditions normales.
Anchise (9, 425). Fils de Capys et Thémisthé (ou de Hiéromnémé), Anchise appartient à la famille de Priam. Un jour qu’il gardait ses troupeaux sur l’Ida, en Troade, Aphrodite se présenta incognito. Elle s’unit à lui, puis lui révéla son identité, lui recommandant de garder le secret de leur union, s’il voulait empêcher leur futur fils, Énée, d’être foudroyé par Zeus. Le souhait de rajeunir Anchise prêté ici à Vénus est sans doute dû à l’imagination d’Ovide, car on n’en trouve pas trace ailleurs.
Éaque (9, 435). Éaque, fils de Zeus et d’Égine, est le père de Phocos, de Télamon et de Pélée. Il passe pour le plus pieux de tous les Grecs. Après sa mort, il est juge aux enfers. Il a été beaucoup question de lui dans le livre 7. Voir par exemple Mét., 7, 469-489 et 7, 523-660 avec les notes.
Rhadamanthe (9, 436). Autre fils de Zeus, devenu juge aux Enfers, en compagnie de Minos et d’Éaque. La mention de ces trois personnages, et singulièrement de Minos, donne à Ovide l’occasion de transporter le lecteur d’abord en Crète, puis en Asie Mineure, faisant ainsi la liaison entre les récits gravitant autour d’Hercule à Tirynthe, dans la demeure d’Alcmène, et la suite du livre 9, consacré à l’évocation de l’amour incestueux de Byblis pour Caunus, passion qui se terminera par une métamorphose (9, 443-665).
Minos (9, 437). Le Crétois Minos, fils de Zeus et Europe, a joué un rôle important dans les livres 7 et 8 des Métamorphoses (voir notamment 7, 456-472 et 8, 1-182). Il passe pour avoir été pour le peuple crétois un bon législateur, inspiré qu’il était par son père Zeus. Ainsi aurait-il été désigné comme juge des morts, aux Enfers, en compagnie de son frère Rhadamanthe et d’Éaque. Cfr Virg., Én., 6, 432 (pour Minos) et 6, 566 (pour Rhadamanthe).