]> Ovide, Métamorphoses, 9, 1-100

Fin des récits chez Achéloüs - Entrée en scène d’Hercule (9, 1-100)

 

Achéloüs rencontre Hercule (9, 1-61)

Achéloüs, avec une tristesse pourtant teintée de fierté, accepte d’expliquer à Thésée la raison de l’unique corne sur son front. (9, 1-7)

Prétendant à la main de la belle Déjanire, Achéloüs a été confronté à un rival d’importance, Hercule. Tous deux exposent au père de la jeune fille leurs arguments. Achéloüs, en tant que dieu, traite avec hauteur Hercule, qui à ce moment-là n’a pas encore été admis au ciel. Hercule ne supporte pas l’insulte. Les deux rivaux s’affrontent alors en un violent corps à corps ; le dieu-fleuve raconte qu’Hercule finit par le plaquer au sol, en l’écrasant sous son poids, l’obligeant ainsi à mordre la poussière. (9, 8-61)

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Le héros né de Neptune demande au dieu la raison de ce soupir

et de la mutilation de son front ; le fleuve de Calydon,

la chevelure sans apprêt, ceinte de roseaux, commence ainsi :

« Tu exiges là un effort douloureux ; quel vaincu, en effet,

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souhaiterait évoquer ses combats ? Je vais te les détailler pourtant,

car ma défaite m’a valu moins de honte que mon combat de gloire,

et le prestige de mon vainqueur m’est une grande consolation.


Peut-être le nom d’une certaine Déjanire est-il enfin parvenu

à tes oreilles ; c’était autrefois une jeune fille très belle

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qui suscita les espoirs et l’envie de nombreux prétendants.

Eux et moi entrons dans la maison du beau-père dont nous rêvions,

et d’emblée je dis : “ Fils de Parthaon, accepte-moi pour gendre ”.

L’Alcide parla aussi. Les autres s’effacèrent devant lui et moi.

Lui faisait valoir ses avantages : Jupiter comme beau-père, la gloire

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de ses travaux et le fait d’être venu à bout des ordres de sa belle-mère.

De mon côté, je dis : “ Un dieu s’avilit à céder devant un mortel ; ”

– Hercule n’était pas encore divinisé – “ tu vois en ma personne

le maître des eaux dont le cours capricieux traverse ton royaume.

Pour toi, je ne serai pas un hôte envoyé de rivages lointains,

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mais un gendre pris dans ton pays, qui fait partie de tes biens.

Et on ne pourrait me reprocher de n’être pas haï par la reine Junon

et de n’avoir reçu aucune épreuve en guise de punition.

En effet Jupiter, dont tu te vantes d’être issu, fils d’Alcmène,

est, soit un faux père, soit ton vrai père suite à un crime ;

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en revendiquant ce père, tu accuses ta mère d’adultère. Choisis :

préfères-tu avoir Jupiter comme père fictif, ou être né dans la honte ? ”

Tandis que je parlais, il me regarde longtemps d’un regard mauvais,

sans avoir la force de maîtriser la colère qui s’allume en lui,

et il répond en ces termes : “ Mon bras vaut mieux que ta langue.

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Tu peux vaincre en paroles, pourvu que je l’emporte au combat. ”

Et plein d’arrogance il engage la lutte. Après mon fier discours,

j’aurais eu honte de reculer. Le corps débarrassé de ma verte parure,

je lui fis face, tenant les mains un peu écartées de ma poitrine ;

je me mis en garde et me préparai au combat.

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Lui, il emplit le creux de ses mains de poussière qu’il jeta sur moi,

avant de devenir tout jaune à son tour, couvert de sable fauve.

Il cherche à me saisir tantôt la tête, tantôt les jambes, qui se dérobent ;

du moins il semble les saisir, et me harcèle de toutes parts.

Mon propre poids me protège et en vain cherchait-il à m’attraper.

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C’était comme une digue que les flots assaillent à grand fracas :

elle reste debout, défendue par sa propre masse.

Nous nous écartons un peu, puis reprenons le combat.

Nous restions en position, décidés à ne pas céder,

les pieds joints ; moi, j’avais tout le buste penché en avant,

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mes doigts pressaient ses doigts et mon front son front.

J’ai vu de puissants taureaux s’affronter de la sorte,

quand, comme prix du combat, est mise en jeu la plus belle femelle

de tout le pâturage ; le troupeau regarde et prend peur,

ignorant à qui est réservée la victoire d’un si grand royaume.

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Trois fois sans succès l’Alcide voulut écarter de lui mon torse

qui pesait sur lui ; à la quatrième fois il se dégage de mon étreinte,

dénoue mes bras qui l’enlacent, et d’un geste de la main,

– c’est certain, je dois avouer la vérité, – il me pousse,

me retourne aussitôt et de tout son poids colle à mon dos.

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Croyez-moi – car je ne cherche pas à me glorifier par des récits fictifs –,

j’avais l’impression d’être écrasé sous une montagne. Pourtant j’ai pu

à grand peine faire glisser mes bras ruisselants de sueur, et à grand peine

me dégager des dures entraves qui me serraient le corps.

J’étouffe et il me presse, m’empêche de reprendre des forces,

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me saisit par la nuque. Alors, finalement, du genou

je touchai la terre et ma bouche mordit le sable de la grève.

 

Les métamorphoses d’Achéloüs et la Corne d’abondance - Fin de la rencontre chez Achéloüs (9, 62-100)

Achéloüs cherche à échapper à Hercule, en recourant à ses pouvoirs magiques. Il se métamorphose d’abord en serpent. Mais Hercule, plein de condescendance, évoque aussitôt deux de ses exploits contre les serpents : ceux qu’avait envoyés Héra pour le perdre et qu’il avait écrasés dès son berceau ; et, plus tard, son combat victorieux contre l’Hydre de Lerne. Ce serait un jeu pour lui, dit-il, d’écraser entre ses doigts le serpent-Achéloüs. (9, 62-79)

Achéloüs se métamorphose ensuite en taureau, mais il est bientôt terrassé par Hercule, qui de surcroît lui arrache une de ses cornes, laquelle grâce aux Naïades, devient la Corne d’Abondance. Ainsi s’achève le récit d’Achéloüs. Une Naïade apparaît alors, présentant aux hôtes du dieu-fleuve la fameuse Corne emplie de fruits (9, 80-92).

Au lever du jour, Thésée et ses compagnons s’en vont et Achéloüs disparaît dans ses flots. (9, 93-100)

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Inférieur en force, je me tourne alors vers mes arts magiques

et, transformé en un long serpent, je m’échappe des mains du héros.

Après avoir courbé mon corps en souples anneaux,

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j’émis un sifflement sauvage en agitant ma langue fourchue.

Le Tirynthien se mit à rire et dit, se moquant de mes artifices :

“ Triompher de serpents est une épreuve qui remonte à mon berceau,

et, même si, Achéloüs, tu l’emportes sur les autres dragons,

que seras-tu, toi, un serpent isolé, comparé à l’hydre de Lerne ?

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Ses blessures rendaient l’hydre féconde et pas une seule des têtes

qui l’accompagnaient ne fut tranchée impunément,

remplacée par deux autres têtes qui renforçaient sa nuque.

Cette hydre et sa ramure de vipères nées des coups qu’on lui portait,

rendue plus forte par le mal qu’elle subissait, je l’ai domptée et brûlée.

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À ton avis, que deviendras-tu, si, transformé en un faux serpent,

tu uses d’armes inconnues, dissimulé sous une forme passagère ? ”

Il avait cessé de parler et il entoura de ses doigts le haut de mon cou ;

j’étais étranglé, comme serré à la gorge par des tenailles,

et je luttais pour dégager mon cou de ses pouces.


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Ainsi à nouveau vaincu sous cette forme, il m’en restait une troisième,

celle d’un taureau farouche : changé en taureau, je reprends la lutte.

Hercule, par la gauche, entoure de ses bras mon encolure.

Je fonce, et lui, me tirant, me poursuit, pèse sur mes cornes

et les fiche dans le sol dur, me terrassant sur l’épaisse couche de sable.

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Et cela n’était pas suffisant ; tenant dans sa main droite

une de mes puissantes cornes, il l’arracha de mon front qu’il mutila.

Des Naïades la remplissent de fruits et de fleurs odorantes,

la consacrent aux dieux, et la Bonne Abondance est riche de ma corne ».

Il avait parlé. Une nymphe, une de ses servantes, court vêtue

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à la façon de Diane, cheveux épars sur ses deux épaules,

s’avança et apporta dans la corne opulente, comme seconds services,

des fruits délicieux, représentant l’automne tout entier.


Le jour se lève, et quand le premier rayon du soleil frappe les cimes,

les jeunes gens s’en vont : ils n’attendent pas, en effet,

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que les flots retrouvent la paix et leurs paisibles cascades,

que toutes les eaux regagnent leur lit. Achéloüs enfouit

dans les ondes son visage champêtre et sa tête amputée d’une corne.

La perte de l’ornement qui lui avait été ainsi ôté lui pesa sans doute,

mais pour le reste, il est sauf ; et même sa blessure à la tête,

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il la dissimule sous des feuilles de saule ou des roseaux.

 

Table des matières

 

Notes

Le héros né de Neptune... (9, 1). La formule désigne Thésée, dont Égée ne serait, selon certaines versions (par exemple Apollodore, 3, 15, 7 [208]), que le fils supposé, sa mère Aethra ayant rencontré durant la même nuit Poséidon/Neptune et Égée (voir 7, 402-404 avec les notes à Égée et Thésée ; voir aussi note 8, 547). Sur un plan plus large, notons que les sept premiers vers constituent une transition et servent à introduire le livre 9 des Métamorphoses, consacré pour une bonne part à la légende d’Hercule. La fin du livre précédent (8, 571-884) se situait en Étolie, chez le dieu-fleuve Achéloüs ; il contenait des récits tenus en présence de Thésée et de ses compagnons, et illustrant plus ou moins directement le thème de la métamorphose. La première partie du présent livre 9 (9, 1-100) se passe toujours chez Achéloüs. Le dieu-fleuve y raconte son combat avec Hercule, en présence des mêmes invités, qui quitteront la scène dès l’aube suivante.

fleuve de Calydon (9, 1-2). Achéloüs, dieu-fleuve de Calydon, retient Thésée en route vers Athènes. Le visiteur se dit intrigué par la mutilation qu’il aperçoit sur le front de son hôte et qui avait déjà été évoquée en 8, 884. Sur Achéloüs, voir les notes à 8, 549 et à 8, 727. Il semble que Achéloüs soit représenté comme le sont souvent les fleuves : un être humain avec des cornes, symbole de leur puissance. Le récit d’Achéloüs va relater le vain combat qui l’opposa à son rival victorieux Héraclès, pour la conquête de Déjanire.

prestige de mon vainqueur (9, 7). Le passage introduit le personnage d’Héraclès/Hercule, dont de nombreux points de la foisonnante légende seront évoqués, souvent succinctement, dans la première partie du présent livre 9 des Métamorphoses (9, 1-400). Nous avons pensé utile de présenter avec quelques détails la biographie mythique de ce héros, un des plus populaires et des plus célèbres de la mythologie classique. Le travail n’est pas simple, les divers épisodes de sa geste n’ayant cessé de se développer et d’évoluer depuis l’époque préhellénique jusqu’à la fin de l’antiquité. Outre les ouvrages souvent cités de P. Grimal et de Jean-Claude Belfiore, nous nous sommes aussi inspirés du Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, sous la direction de René Martin, Paris, Nathan, 2004.


Brève présentation de la légende d’Hercule

Sa naissance Sa mère est la mortelle Alcmène, petite-fille de Persée et épouse d’Amphitryon, fils d’Alcée et roi de Tirynthe, en Argolide. Mais son père est Jupiter lui-même. En effet, le dieu, profitant de l’absence d’Amphitryon, s’était uni à Alcmène, en revêtant les traits de son époux. Amphitryon dut donc se résigner à n’être que le père supposé du fils de Jupiter et d’Alcmène, qui ne s’appelait pas encore Héraclès, mais Alcide (ou Amphitryoniade, ou encore le Tirynthien...). Amphytrion avait succédé à Jupiter dans la couche d’Alcmène, et cette rencontre avait donné naissance à un frère jumeau, Iphiclès. Le fait que Jupiter ait promis d’accorder une force surhumaine à celui qui naîtrait le premier, explique la force proverbiale propre à Héraclès. Son frère jumeau, dont Amphitryon était le père réel, naquit un jour après notre héros. On peut signaler qu’en tant que Perséide, Héraclès est considéré comme un héros essentiellement lié à l’Argolide et au Péloponèse. Sa naisssance à Thèbes ne correspond pas à cet ancrage géographique.

La malveillance de Héra-Junon Dès avant la naissance d’Héraclès, Héra, jalouse d’Alcmène, s’acharne contre lui. Zeus ayant annoncé que le trône d’Argos serait occupé par le premier descendant de Persée qui viendrait au monde, Héra retarda la naissance d’Héraclès, permettant ainsi à son cousin Eurysthée de voir le jour deux mois avant lui, et de devenir un jour roi de Tirynthe. Par ailleurs, pour que le héros puisse jouir de l’immortalité, il devait boire le lait d’Héra. Le rusé Hermès mit donc un jour l’enfant sur le sein d’Héra endormie ; brutalement réveillée, elle repoussa l’enfant mais de ses seins laissa échapper du lait qui forma la voie lactée. Quelque temps après la naissance d’Héraclès, Héra envoya pour étouffer les jumeaux deux serpents, que l’enfant dans son berceau étrangla, prouvant ainsi à Amphitryon son origine divine.

Enfance et premiers exploits Héraclès fut initié à de multiples disciplines auprès de différents maîtres. En grandissant, il atteignit une taille extraordinaire. À dix-huit ans, il réalisa un exploit remarquable, tuant le lion du Cithéron, un fauve qui ravageait les troupeaux d’Amphitryon et du roi Thespios, père de cinquante filles, les Thespiades. Durant le jour, il chassait le fauve, et la nuit, il partageait la couche d’une des Thespiades, sans se rendre compte qu’il avait chaque fois affaire à une femme différente. Au bout de cinquante jours il abattit le lion et il avait engendré cinquante fils. Hercule délivra aussi les Thébains de leur obligation de payer un tribut à Erginos, roi d’Orchomène. Créon, roi de Thèbes, l’en remercia en lui donnant en mariage sa fille Mégara, dont il eut plusieurs enfants, leur nombre variant selon les auteurs.

Alcide-Héraclès, Eurysthée et les « Douze Travaux » Frappé de folie par Héra, le héros tua ses propres enfants, puis fut plongé dans un profond sommeil par Athéna. Revenu à lui, pour expier sa faute, il alla consulter l’oracle d’Apollon à Delphes, lequel lui conseilla notamment de prendre le nom d’Héraclès ou « gloire d’Héra », au lieu de Alcide, puis d’aller se mettre au service de son cousin Eurysthée, roi de Tirynthe, pendant douze années. Après cet épisode, Hercule ne voulut plus vivre avec Mégara et la donna en mariage à son neveu Iolaos. L’accès de folie envoyé par Héra avait pour but, selon diverses traditions, de pousser Héraclès à commettre une impiété et de le soumettre à Eurysthée, qu’il devait reconnaître comme son maître. Cette soumission à Eurysthée a reçu diverses explications. Toujours est-il que Héraclès fut obligé, pour expier son crime, d’exécuter en douze années douze travaux réputés irréalisables pour un simple mortel.

Une liste classique des douze Travaux Le détail des travaux d’Hercule varie parfois. En voici en tout cas une liste traditionnelle. Les six premiers se déroulèrent dans le Péloponèse, les autres en divers endroits du monde, et ils comportent souvent plusieurs épisodes. Plusieurs de ces « Travaux » seront évoqués dans la suite du présent livre neuf.

Enfin purifié, Héraclès revint à Thèbes, où il tua dans une querelle le roi Eurytos. Il dut expier ce crime en devenant l’esclave d’Omphale, reine de Lydie (cfr l’épisode raconté par Ovide, dans Fastes, 2, 303-358).

Nombreux autres exploits d’Héraclès On se tromperait toutefois en ne lui attribuant que ce qu’on appelle classiquement les « Douze Travaux ». En fait ses aventures sont sans nombre, et la lutte qu’il supporta en Étolie contre le dieu-fleuve Achéloüs pour conquérir Déjanire et qu’Ovide va présenter dans un instant d’une manière détaillée (9, 4-88) n’est que l’une d’entre elles. Rappelons par exemple que, bien avant la fameuse guerre de Troie proprement dite, il dirigea contre cette ville une expédition, au cours de laquelle il tua le roi Laomédon (Virg., Én., 8, 291). Dans la suite du chant 9, Hercule lui-même évoquera certains de ses exploits, qui ne font pas partie du catalogue traditionnel des « Douze Travaux », comme par exemple sa victoire contre le brigand Busiris (9,182-183), ou son combat contre le géant Antée (9, 184).

Son épouse Déjanire, sa mort sur l’Oeta et son apothéose C’est lors de sa visite aux Enfers, pour en ramener le Chien Cerbère, que Méléagre lui avait demandé d’épouser sa sœur Déjanire, à qui sont liées, vers la fin de son existence humaine, d’abord la rencontre et la mort du centaure Nessus, l’histoire de la tunique empoisonnée, la mort et l’apothéose d’Héraclès sur le mont Oeta, des épisodes qu’Ovide évoquera longuement dans le livre neuf en s’inspirant fortement des poètes tragiques grecs, notamment de Sophocle, Les Trachiniennes, et d’Euripide, les pièces intitulées Héraclès furieux, Alceste, et les Héraclides.

Hercule et Cacus Il ne faudrait pas oublier les épisodes de la geste du héros qui se déroulent en Italie et à Rome. Héraclès y porte le nom d’Hercule. Est particulièrement célèbre le conflit qui l’opposa sur le site de la future Rome au brigand Cacus, à l’époque du roi Évandre. Parmi les écrivains latins, Tite-Live (I, 7, 3-15), Virgile (Én., 8, 190-267), Ovide (Fastes, I, 543-586) et Properce (IV, 9) ont, chacun à sa manière, raconté le combat d’Hercule et de Cacus. Le sujet a également été traité par Denys d’Halicarnasse (I, 39-42).


Déjanire (9, 8-9). Fille d’Oenée, roi de Calydon, et d’Althée, Déjanire est une des sœurs de Méléagre (voir 8, 535-546). Lorsque, sur ordre d’Eurysthée, Héraclès descendit aux enfers pour en ramener Cerbère, il y rencontra Méléagre qui lui demanda d’épouser sa sœur, Déjanire. Mais le héros dut disputer celle-ci à Achéloüs, comme va le raconter ici Ovide (9, 8-88). Déjanire donna un fils, Hyllos, à Héraclès, qui restera un certain temps à Calydon, avant de se mettre en route avec sa famille pour rejoindre le Péloponnèse. Il sera arrêté par le fleuve Événus, où il tuera le centaure Nessus, avec toutes les conséquences sur lesquelles Ovide va s’attarder (9, 101-133). Notons en passant qu’une des Lettres d’Ovide (Héroïdes, 9) est attribuée à Déjanire : elle y évoque avec reproche et amertume les multiples exploits et infidélités d’Hercule.

beau-père... fils de Parthaon (9, 11-12). C’est Oenée, roi de Calydon et père de Déjanire. Voir 8, 273 et 8, 486. Il passe pour l’arrière-petit fils de Pleuron, pour le petit-fils d’Agénor, et pour le fils de Parthaon (8, 542) (appelé parfois Porthaon ou Porthée). En première noce, il épousa Althée, une fille de Thestius, qui lui donna plusieurs enfants, dont Toxée, Méléagre, Gorgé (8, 543) et Déjanire (cfr aussi la n. à 535-546). (cfr n. à 8, 273 et 8, 542).

Alcide (9, 13). Il s’agit d’Hercule/Héraclès, qui se targue d’être le fils de Jupiter et évoque tous les exploits qu’il a accomplis à cause de la rancœur de Junon. On se reportera à la note d’introduction ci-dessus.

un dieu s’avilit (9, 16). Achéloüs se targue, en tant que dieu du fleuve, de sa supériorité sur son rival, qui, lui, n’a pas encore été divinisé.

poussière (9, 35-36). Les lutteurs, oints d’huile, jetaient du sable sur leur adversaire, pour pouvoir le saisir plus facilement.

le Tirynthien (9, 66). Héraclès-Hercule, fils de Jupiter, qui avait pris les traits d’Amphitryon, roi de Tirynthe, en Argolide, pour séduire Alcmène. Voir Mét., 6, 112 et 7, 410.

berceau (9, 67). Allusion aux deux serpents envoyés par Héra et qu’Héraclès, tout enfant encore, avait étranglé dans son berceau. Cfr note d’introduction ci-dessus et Virg., Én., 8, 288-289.

Hydre de Lerne... (9, 69-76). Le combat d’Hercule contre l’Hydre de Lerne fait partie de la liste canonique des Douze Travaux d’Hercule. C’est un monstre, né d’Échina et de Typhon, et qui, par la volonté de Héra hostile à Héraclès, vivait dans les marais de Lerne, près d’Argos. L’hydre est représentée comme un serpent à plusieurs têtes (de 5 à 6, et jusqu’à 100 selon les auteurs), d’où émanait une haleine si fétide que tous ceux qui l’approchaient mouraient. Héraclès avait reçu pour épreuve de supprimer ce monstre. Mais, chaque fois qu’il tranchait une tête, deux autres repoussaient. Pour venir à bout du monstre, Héraclès fit appel à son neveu Iolaos qui aida le héros à cautériser les blessures de l’hydre, avec des branches enflammées, empêchant les têtes de repousser. C’est ainsi que périt le monstre aux têtes de serpents (cfr Virgile, Én., 6, 803 et 8, 300 ; Mét., 9, 192-193). Hercule rappelle donc une seconde fois à Achéloüs sa compétence comme tueur de serpents.

Naïades (9, 87). Des nymphes, habillées en chasseresses à la manière de Diane (9, 89), assurent le service du banquet chez Achéloüs (voir 8, 571-573).

Bonne Abondance (9, 88). La corne arrachée par Hercule à Achéloüs, dans ce récit des Métamorphoses, est donc la Corne d’Abondance, symbole de toutes les richesses. Une autre version de la légende, évoquée aussi par Ovide (Fast., 5, 115-128), met la Corne d’Abondance en rapport avec la chèvre Amalthée, qui avait donné son lait à Zeus enfant.

seconds services (9, 91-92). La fin du banquet chez Achéloüs est constitué par des douceurs. On se souviendra du festin offert par Philémon et Baucis à leurs hôtes divins, et notamment des vers 8, 673-677.

jeunes gens (9, 94). Il s’agit de Thésée et de ses compagnons, notamment Pirithoüs, qui avaient participé à la chasse au Sanglier de Calydon. Voir 8, 303 ; 8, 547 ; 8, 566. Cfr Virg., Én., 6, 601-607 et la note. À Calydon, leur amitié se manifestera particulièrement en 8, 403-406. Il sera encore question de ces compagnons de Thésée dans le récit du combat des Centaures et Lapithes en Ovide, Mét., 12, 210-458.