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Après le déluge, apparurent ou réapparurent divers animaux, nés spontanément de la terre et de la combinaison de l’humide et du chaud, êtres plus ou moins aboutis d’ailleurs. (1, 416-437)
Au nombre de ces « monstres » figure le serpent Python, qu’Apollon tua de ses flèches, instituant les Jeux Pythiques pour perpétuer le souvenir de son exploit. (1, 438-451)
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Spontanément la terre engendra d’autres animaux de formes diverses,
lorsque l’humidité ancienne se fut évaporée sous le feu du soleil,
lorsque la chaleur eut soulevé la boue des marais humides
et lorsque les semences fécondes des choses, nourries
dans le sol vivifiant, comme dans le sein d’une mère,
eurent grandi et pris avec le temps leur aspect défini.
Ainsi, quand le Nil aux sept bouches a quitté
les champs détrempés et rendu ses flots à leur ancien lit,
quand le limon récent est devenu brûlant sous l’astre céleste,
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les cultivateurs découvrent une foule d’animaux en retournant la terre ;
certains, à peine ébauchés, leur apparaissent dès leur naissance ;
d’autres, inachevés, sont privés d’une partie de leurs organes ;
souvent, dans le même corps, une partie est vivante,
tandis que l’autre est toujours de la terre informe.
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En effet, dès qu’humidité et chaleur se sont mélangées,
il y a conception : tout naît de ces deux éléments,
et bien que feu et eau soient ennemis, la chaleur humide crée tout,
et la concorde en désaccord avec elle-même est apte à procréer.
Ainsi donc, lorsque la terre fangeuse, suite au récent déluge,
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redevint brûlante sous l’intense chaleur du soleil rayonnant de l’éther,
elle produisit d’innombrables espèces : tantôt, elle leur rendit
leur figure première, tantôt elle créa des monstres nouveaux.
La Terre, sans le vouloir sans doute, te procréa aussi à cette époque,
énorme Python, ô serpent inconnu, terreur pour ces jeunes peuples,
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tant était vaste l’espace que tu occupais sur la montagne.
Le dieu archer, qui jamais auparavant n’avait usé de telles armes,
si ce n’est contre les daims et les chevreuils en fuite,
accabla le monstre de mille traits, vidant presque son carquois,
et le tua : un noir venin s’écoula de ses blessures.
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Et pour que le souvenir de son acte ne disparût pas avec le temps,
il institua des Jeux sacrés, des concours très fréquentés,
appelés Pythiques, du nom du serpent qu’il avait terrassé.
Là, les jeunes vainqueurs, à la lutte, à la course ou en char,
étaient honorés d’une couronne de feuilles de chêne ;
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le laurier n’existait pas encore, et Phébus ceignait ses belles tempes
et sa longue chevelure de feuillages d’arbres de toutes sortes.
Apollon dénie à Cupidon le droit de se servir d’armes qui lui sont plus appropriées, à lui, vainqueur du serpent Python ; Cupidon réplique en décochant deux flèches, l’une à Apollon, aussitôt saisi d’un amour irrésistible pour la nymphe Daphné (Daphné est la première passion du dieu !) ; la seconde flèche, celle qui fait fuir l’amour, atteint Daphné, laquelle désormais vit dans les bois, telle Diane, souhaitant sauvegarder sa virginité, en dépit des souhaits de son père Pénée. (1, 452-489)
Le dieu éperdument épris poursuit la nymphe qui toujours le fuit. Il se montre tour à tour pressant, prévenant, enjoué, suppliant, lui révélant son identité et l’étendue de ses pouvoirs, mais en vain. La nymphe fuit de plus belle, attisant le désir du dieu de plus en plus déterminé à la saisir. (1, 490-542)
Daphné, à bout de souffle, presque rejointe, supplie le dieu du fleuve Pénée, son père, de lui enlever sa beauté, cause de son malheur, et aussitôt elle est métamorphosée en laurier. Apollon étreint amoureusement l’arbuste et décide qu’il sera désormais son arbre. Ovide énumère les diverses fonctions symboliques dévolues à Rome au laurier, lié au culte d’Apollon. (1, 543-567)
Le premier amour de Phébus fut Daphné, fille de Pénée, amour inspiré
non par un sort aveugle, mais par la colère du cruel Cupidon.
Le dieu de Délos, fier de sa récente victoire sur le serpent,
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avait vu Cupidon tendre et resserrer les cordes de son arc :
« Que fais-tu, enfant délicat, avec ces armes puissantes ? » avait-il dit ;
« Cette charge convient à mes épaules, à moi qui suis capable
de frapper à coup sûr une bête féroce ou un ennemi ;
je viens en effet de percer d’innombrables traits l’énorme Python
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qui de son ventre venimeux pressait d’innombrables arpents de terre.
Toi, borne-toi à provoquer avec ta torche je ne sais quels amours
et ne tire pas à toi des éloges qui me reviennent. »
Le fils de Vénus lui répond : « Ton arc a beau tout transpercer, Phébus,
mais le mien peut te transpercer, toi ; en gloire je l’emporte sur toi
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autant qu’un dieu l’emporte sur tous les vivants. »
Il dit et, fendant l’air du battement de ses ailes,
se posa sans tarder sur la cime ombragée du Parnasse.
De son carquois plein de flèches, il tira deux traits
aux effets opposés : l’un chasse l’amour, l’autre le fait naître.
Celui qui le fait naître est doré, muni d’une pointe acérée et brillante ;
celui qui le chasse est émoussé et cache du plomb sous son roseau.
C’est le premier que le dieu lança sur la nymphe, fille de Pénée ;
mais, avec l’autre, il blessa Apollon, perçant ses os jusqu’à la moëlle.
Lui aussitôt se met à aimer ; elle, elle fuit jusqu’au nom d’amante.
Retirée dans les cachettes des forêts, en émule de la vierge Phébé,
elle aimait se parer de peaux de bêtes sauvages ;
un bandeau retenait ses cheveux disposés sans ordre.
Bien des prétendants l’ont courtisée ; mais, sourde à leurs prières,
ne supportant pas de connaître un époux, elle parcourt les bois profonds,
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et ne se soucie ni d’Hymen, ni d’Amour, ni d’union conjugale.
Souvent son père lui dit : « Ma fille, tu dois me donner un gendre ».
Souvent son père lui dit : « Mon enfant, tu me dois des petits-enfants ».
Elle, qui détestait les torches nuptiales comme une infâmie,
avait senti son beau visage rougir de honte, et, caressante,
posant ses bras autour du cou de son père, elle lui dit :
« Accorde-moi, père très aimé, de jouir à jamais de ma virginité ;
Diane, autrefois, a obtenu cette faveur de son père. »
Pénée cède, bien sûr ; mais ton charme, Daphné, interdit
la réalisation de ton souhait et ta beauté fait obstacle à ton vœu.
Phébus aime et désire s’unir à Daphné qu’il a aperçue,
il espère ce qu’il désire, abusé par ses propres oracles.
Comme les chaumes légers brûlent, une fois les épis coupés,
comme une haie s’embrase sous le feu qu’un voyageur par mégarde
a placé trop près d’elle ou qu’il a abandonné au lever du jour,
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ainsi le dieu s’est enflammé ; totalement embrasé,
il espère et entretient dans son cœur un amour stérile.
Il regarde les cheveux sans apprêts flottants sur la nuque de Daphné
et dit : « Que serait-ce, s’ils étaient coiffés ! » Il voit ses yeux
étinceler, semblables à des astres, il voit sa bouche mignonne,
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mais voir ne lui suffit pas ; il louange ses doigts, ses mains,
ses poignets et ses bras plus qu’à moitié dénudés ;
ce qui est caché, il l’idéalise. Elle s’enfuit, plus rapide que le vent léger,
et ne s’arrête pas malgré les propos de l’amoureux qui la rappelle :
« Nymphe, fille de Pénée, je t’en prie, reste ; ce n’est pas un ennemi
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qui te poursuit. Nymphe, attends. Ainsi l’agnelle fuit le loup,
la biche le lion, ainsi les colombes, d’une aile tremblante, fuient l’aigle ;
chacune a son ennemi. Moi, je te suis par amour. Ô malheur !
Ne tombe pas tête en avant, que les ronces ne griffent pas des jambes
qui ne le méritent pas, je ne veux pas être pour toi cause de douleur.
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Les endroits où tu passes sont difficiles ; cours moins vite,
je t’en prie, refrène ta fuite ; moi-même, je suivrai plus lentement.
Sache pourtant qui tu as séduit ; moi, je ne suis ni un montagnard
ni un berger, ni un vulgaire gardien de bétail et de moutons.
Inconsciente, tu ignores, tu ignores qui tu fuis
et c’est pourquoi tu me fuis. J’ai pour me servir
le pays de Delphes, Claros et Ténédos, et le palais royal de Patara ;
Jupiter est mon père ; je révèle l’avenir, le passé et le présent ;
je fais s’accorder les poèmes aux sons de la lyre.
Certes, ma flèche est sûre ; il en est une pourtant plus sûre encore,
celle qui a blessé mon cœur resté indemme jusqu’ici.
Je suis l’inventeur de la médecine et, dans le monde entier,
je suis réputé secourable ; je possède la maîtrise des plantes.
Hélas pour moi, puisqu’aucune herbe ne guérit l’amour,
mon art, utile à tous, est inutile à son maître. »
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Il allait parler encore mais, dans une course éperdue
la fille de Pénée a fui et l’a planté là, lui et ses paroles inachevées.
À ce moment aussi, elle lui parut belle ; les vents la dénudaient
et, soufflant de face, agitaient les vêtements qui leur résistaient,
tandis qu’une brise légère gonflait ses cheveux rejetés en arrière.
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La fuite accentuait encore sa beauté. Mais le jeune dieu, en fait,
ne supporte pas de se perdre plus longtemps en propos caressants ;
inspiré par son amour même, d’un pas vif, il suit la nymphe à la trace.
Ainsi, quand un chien gaulois a vu un lièvre dans un champ dégagé,
les deux courent, l’un pour saisir sa proie, l’autre pour assurer son salut ;
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le premier, sur le point de toucher le lièvre, croit déjà le tenir,
et, museau tendu, il serre de près ses traces ;
le lièvre, ne sachant s’il va être pris, s’arrache aux crocs
et échappe à la gueule qui le frôle. Ainsi le dieu et la vierge,
poussés, l’un par l’espoir, l’autre par la crainte, accélèrent l’allure.
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Lui cependant, porté par les ailes de l’amour, continue sa poursuite ;
plus rapide, il renonce au repos, talonne le dos de la fugitive,
et de son haleine effleure les cheveux épars sur sa nuque.
Elle est à bout de forces, livide et, dans sa fuite éperdue,
vaincue par l’effort, elle dit en regardant les eaux du Pénée :
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« Ô père, aide-moi, si vous les fleuves, avez un pouvoir divin ;
[...]
en me transformant, détruis la beauté qui m’a faite trop séduisante. »
La prière à peine finie, une lourde torpeur saisit ses membres,
sa poitrine délicate s’entoure d’une écorce ténue,
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ses cheveux poussent en feuillage, ses bras en branches,
des racines immobiles collent au sol son pied, naguère si agile,
une cime d’arbre lui sert de tête ; ne subsiste que son seul éclat.
Phébus l’aime toujours et, lorsqu’il pose la main sur son tronc,
il sent encore battre un cœur sous une nouvelle écorce ;
serrant dans ses bras les branches, comme des membres,
il couvre le bois de baisers ; mais le bois refuse les baisers.
Le dieu lui dit : « Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse,
au moins tu seras mon arbre ; toujours, tu serviras d’ornement,
ô laurier, à mes cheveux, à mes cithares, à mes carquois.
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Tu accompagneras les généraux du Latium, quand une voix joyeuse
chantera leur triomphe, quand le Capitole verra leurs longs cortèges.
Tu te dresseras aussi, gardien fidèle, à l’entrée du palais d’Auguste,
protégeant le portail orné en son milieu d’une couronne de chêne.
De même que ma tête reste jeune avec sa chevelure intacte,
toi aussi, laurier, porte comme un honneur un feuillage toujours vert. »
Péan en avait terminé ; le laurier approuva de ses branches
à peine formées et on le vit agiter sa cime comme un signe de tête.
semences fécondes des choses (1, 419). Semina rerum est l’expression de Lucrèce, pour désigner les atomes. Cfr la note à 1, 9. Bien qu’on ne soit pas dans une perspective épicurienne, le texte d’Ovide doit beaucoup à Lucrèce, 5, 795-800.
Nil aux sept bouches (1, 422). Ovide évoque momentanément l’Égypte, où il transportera la scène à la fin de l’histoire d’Io (1, 747-750). Pour les Romains, le Nil avait sept embouchures (cfr Virgile, Én., 6, 800). Elles seront asséchées lors de la catastrophe déclenchée par Phaéton (2, 256). - Il est intéressant de comparer les vers 424-429 (sur la génération spontanée et l’apparition de monstres) avec Lucrèce, 2, 871-2 et 5, 797-848, ainsi qu’avec avec Diodore de Sicile, 1, 10, 4-7. On pourra voir aussi dans Mét., 15, 375-378, comment le limon est susceptible d’engendrer des grenouilles.
humidité et chaleur (1, 430-433). Réminiscence philosophique. L’origine de ce lieu commun sur la génération semble être Anaximandre, qui postulait à la source de toute vie l’interaction du chaud et de l’humide, en l’occurrence du soleil sur de la vase. Ce sont aussi les vues d’Aristote.
concorde en désaccord avec elle-même (1, 433). Ici encore, on est probablement dans le registre des réminiscences philosophiques. On songe notamment à Empédocle (cfr 1, 24) et à sa théorie du jeu très productif des deux forces cosmiques de sens contraire (l’Amour et la Haine), qui ne cessent de former et de détruire les êtres pour en composer d’autres.
Python (1, 438-9). Le combat d’Apollon contre Python est très célèbre dans la mythologie grecque, et comme c’est souvent le cas, il connaît diverses variantes. En voici une, d’après Hygin, Fab., 140, un peu différente de celle suivie - ou inventée ? - par Ovide, dans ce passage : Python, fils de la terre, rendait des oracles dans la région du Parnasse, avant qu’Apollon ne s’y installe. Ayant appris qu’il périrait de la main d’un fils de Latone, Python chercha à supprimer celle-ci quand il apprit qu’elle était enceinte des œuvres de Jupiter. Quand Latone, avec le secours de Neptune, eut mis au monde Apollon (et Diane) à Délos, Apollon voulut venger sa mère. Il tua de ses flèches le serpent Python, et instaura des jeux funèbres, qui devinrent les jeux Pythiques. Cela explique l’origine de son nom « Pythien » et son rôle de dieu-devin de Delphes.
Au Louvre, la galerie d’Apollon, récemment restaurée [commencée sous Louis XIV, elle était restée inachevée au profit de Versailles], comporte un plafond orné d’une peinture de Delacroix montrant le triomphe d’Apollon sur le monstre Python. Elle symbolise le triomphe du bien (le pouvoir républicain) sur le mal (le pouvoir absolu !).
dieu archer (1, 441). Périphrase désignant Apollon qui, dès sa naissance à Délos, avait, tout comme sa sœur Diane, reçu des flèches de la part de Vulcain.
Jeux Pythiques (1, 447). Les Jeux Pythiques auraient consisté à l’origine en un concours musical (des hymnes à Apollon, accompagnés à la cithare). En 582 a.C., la fête fut réorganisée et célébrée tous les quatre ans, dans la troisième année de chaque olympiade. Les compétitions musicales y tenaient toujours une large place, mais on y ajouta des épreuves athlétiques et des courses de chevaux, qui ressemblaient, en moins important, aux jeux olympiques. Ovide envisage ici la boxe ou la lutte (le latin dit les « mains »), la course à pied et les courses de chars.
feuilles de chêne (1, 449-451). Simple invention d’Ovide, pour introduire le sujet suivant, l’origine du laurier, dédié à Apollon. Aux Jeux Pythiques en effet, le prix était une couronne de laurier coupée dans la vallée de Tempé (1, 569).
Daphné (1, 452-567). Après la présentation « philosophique » de l’origine du monde et des êtres, Ovide introduit un récit plus léger, où l’on retrouve le poète des amours, puisant son inspiration dans la mythologie. - La légende de Daphné connaît plusieurs attestations différentes. Selon Parthénios de Nicée (Erotica, XV), un auteur du 1er s. av. J.-C., Daphné (dont le nom en grec signifie « laurier »), fille d’Amyclas, est passionnée de chasse et favorite d’Artémis. Elle est aimée de Leucippe, le fils d’Oenomaos, qui, pour s’introduire auprès d’elle, se déguise en fille, sur le conseil d’Apollon. Mais le dieu est lui aussi épris de Daphné, et lorsqu’il voit que Leucippe est près de se faire aimer de la jeune fille, il en conçoit de la jalousie et s’arrange pour obliger Leucippe à dévoiler sa supercherie. Selon les versions, le jeune homme est massacré par les compagnes de Daphné, ou bien il réussit à s’enfuir et il est sauvé par les dieux, tandis qu’Apollon poursuit Daphné, qui supplie Zeus de la sauver. Le dieu souverain la transforme alors en laurier. Hygin (Fabulae, 203) fait de Daphné une fille du fleuve Ladon et de la Terre, qui sauve sa fille d’Apollon en la recevant dans son sein et en la métamorphosant en laurier.
On trouvera d’autres récits dans Mythographe du Vatican (II, 15, 2) ; Pausanias (8, 20, 2-4) ; Palaiphatos, Histoires incroyables (49) ; Philostrate, Vie d’Apollonius de Tyane (1, 16) ; Plutarque, Agis (IX, 3) ; Diodore, (IV, 66, 5-6). - La version d’Ovide situe la scène en Thessalie et fait de Daphné la fille du Pénée, le principal cours d’eau de Thessalie. Pénée est considéré par Hésiode (Théogonie, 343) comme le fils d’Océan et de Téthys.
premier amour de Phébus (1, 452). Phébus est une épithète d’Apollon. Elle convient bien à celui qui est, entre autres choses, le dieu de la Lumière ; Phoibos signifie en effet en grec « brillant ». Apollon connaîtra bien d’autres amours, dont certaines seront racontées dans les Métamorphoses : Clymène (1, 756ss) ; Coronis (2, 543ss) ; Leucothoé (4, 196ss) ; Isse (6, 122) ; Dryope (9, 331 ss) ; Hyacinthe (10, 162ss) ; Chione (11, 31 ss) ; la Sibylle (14, 130 ss).
Cupidon (1, 453). Cupidon, fils de Vénus et de Jupiter, est chez les Romains le dieu de l’amour et du désir, souvent représenté comme un jeune garçon impertinent et farceur, armé de flèches qu’il décoche pour faire naître l’amour chez ses victimes. Le mot latin cupido veut dire « désir ». Le Cupidon latin est un équivalent très partiel de l’Éros grec, à la signification beaucoup plus large. Chez Hésiode par exemple (Théogonie, 120-122), Éros grec est un dieu primordial, « le plus beau des dieux immortels », présent avec Terre aux origines du monde.
Phébé (1, 475). Artémis en Grèce, Diane chez les Romains ; sœur d’Apollon, déesse de la chasse et de la virginité. Cfr une autre allusion à Diane en 1, 487. Il sera longuement question plus loin (3, 155-252) de Diane dans l’épisode d’Actéon déchiré par ses chiens.
pour me servir (1, 515). Énumération de lieux consacrés à Apollon, le dieu devin : outre Delphes, réputé pour son oracle et les Jeux Pythiques, Ovide cite Claros, en Ionie, et Patara, en Asie mineure, tous deux célèbres pour leur oracle d’Apollon ; Ténédos, île de la mer Égée, possédait un temple en l’honneur d’Apollon Sminthée. Les vers suivants (517-522) évoquent divers aspects de Phébus-Apollon : fils de Jupiter, il est le dieu de la divination, de la musique, le dieu-archer, l’inventeur de la médecine.
gaulois (1, 533). « La Gaule avait plusieurs espèces de chiens particulières, entre autres des lévriers dont les Romains faisaient grand cas. » (G. Lafaye)
un pouvoir divin (1, 545). On n’oubliera pas que dans la pensée antique, les fleuves sont des divinités. Après le vers 545, certains manuscrits proposent un vers généralement considéré comme de seconde main et rejeté par la plupart des éditeurs. Nous ne le traduisons pas ici.
son seul éclat (1, 552). Le laurier a des feuilles brillantes.
tu seras mon arbre... (1, 557-565). Après avoir signalé que le laurier était « l’arbre d’Apollon », Ovide rappelle la couronne de laurier des généraux triomphants, ainsi que les deux lauriers qui flanquaient la porte du palais d’Auguste sur le Palatin, porte elle-même décorée de la « couronne civique », une couronne de chêne qui récompensait ceux qui avaient sauvé la vie de citoyens romains (cfr Res gestae, 34, 2).
toujours vert (1, 565). « Le laurier ne perd point ses feuilles pendant l’hiver. » (G. Lafaye)
Péan (1, 566). Chez Homère (Iliade, 5, 41), Péan était le médecin des dieux. C’est une épithète classique d’Apollon, dieu-médecin et père d’Esculape. Cfr Mét., 14, 720.