]> Ovide, Métamorphoses, 8, 725-884

Récits chez Achéloüs (II) : autour d’Érysichthon et M(n)estra (8, 725-884)

 

 

L’impiété d’Érysichthon (8, 725-776)

Après l’évocation par Lélex du couple idyllique de Philémon et Baucis, Thésée se dit très curieux de connaître les prodiges accomplis par les dieux. Alors Achéloüs, en guise d’introduction à la suite de ses récits de métamorphoses, évoque Protée, l’être aux multiples formes. (8, 725-737)

Cette simple évocation de Protée l’amène à raconter l’histoire d’Érysichthon et de sa fille, qui elle aussi possède le pouvoir de se métamorphoser. Un jour, Érysichthon, connu pour son impiété, avait gravement outragé Cérès et saccagé à coups de hache une forêt qui lui était consacrée, bien décidé qu’il était à abattre un chêne séculaire cher à la déesse. Érysichthon élimina d’abord un des assistants, qui s’opposait à ce sacrilège, et finit par abattre le chêne. La Dryade qui était présente dans l’arbre annonça alors en mourant qu’un châtiment terrible menaçait le coupable. (8, 738-776)

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Il avait fini, et le récit autant que son garant les avaient tous émus,

Thésée surtout, qui voulait entendre parler des miracles des dieux.

Le fleuve de Calydon, appuyé sur son coude, lui dit :

« Très vaillant héros, il existe des êtres qui, après avoir subi

une seule métamorphose, ont conservé leur forme nouvelle.

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Il en est d’autres qui ont la faculté de revêtir plusieurs figures,

comme toi, Protée, habitant de la mer qui embrasse la terre.

Oui, des gens t’ont vu tantôt jeune homme, tantôt lion ;

tour à tour tu étais sanglier déchaîné ou serpent au contact redouté,

à d’autres moments, des cornes te transformaient en taureau.

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Souvent tu pouvais apparaître comme une pierre, souvent aussi

comme un arbre ; parfois, tu prenais l’apparence de l’eau limpide,

et tu étais un fleuve, parfois tu étais le feu, l’opposé de l’eau.


L’épouse d’Autolycus, fille d’Érysichthon, jouit du même privilège.

Son père était un être qui méprisait la puissance divine,

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et ne brûlait sur les autels nulle offrande odorante.

On dit même qu’il avait profané un bois consacré à Cérès

et outragé ses antiques forêts à coups de hache et de cognée.

En ces lieux se dressait un chêne immense, au tronc séculaire,

constituant une forêt à lui seul, tout entouré de bandelettes,

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d’ex-voto et de guirlandes, preuves qu’un vœu s’était réalisé.

Souvent sous son ombre, les Dryades menèrent des chœurs de fête,

souvent aussi, se tenant par la main, en rang, elles prirent,

en l’entourant, la mesure du chêne qui mesurait quinze brasses.

Au pied de cette forêt qu’il était à lui seul, les autres arbres

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n’étaient pas plus hauts que l’herbe poussant à ses pieds.

Toutefois, le fils de Triopas ne lui évita pas le fer pour autant.

Il ordonna à ses serviteurs d’abattre le chêne sacré.

Les voyant hésiter à exécuter son ordre, le scélérat

saisit la cognée d’un des hommes et prononça ces paroles :

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“ Cet arbre peut être cher à la déesse, il peut même être

la déesse en personne, bientôt sa cime feuillue touchera la terre. ”

Sur ce, tandis qu’il balançait sa hache pour porter des coups de côté,

le chêne sacré de Déo trembla tout entier et poussa un gémissement ;

en même temps ses feuilles et ses glands se mirent à pâlir

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et ses longues branches commencèrent à perdre leur couleur.

Lorsque la main impie eut porté un coup sur le tronc du chêne,

du sang s’écoula de l’écorce blessée : ainsi, d’habitude

quand s’écroule un puissant taureau, victime offerte

devant les autels, le sang coule à flots de sa nuque brisée.

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Tous ceux qui étaient présents restèrent stupéfaits ;

l’un d’eux ose empêcher le sacrilège et retenir la hache cruelle.

Le voyant, le Thessalien dit : “ Reçois la récompense

de ta piété ! ” et, détournant l’arme de l’arbre contre cet homme,

il lui tranche la tête ; puis revenant au chêne, il l’abat,

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quand du milieu du tronc on entend un son disant :

“ Je suis sous ce bois une nymphe très chère à Cérès ;

en mourant, j’annonce qu’un châtiment te menace

pour tes actes. Cela me console de ma mort. ”

L’impie achève son forfait et, sous des coups innombrables,

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l’arbre ébranlé et tiré par des câbles finit par s’écrouler,

couchant sous son poids une grande partie de forêt.

 

Le châtiment d’Érysichthon : la Faim (8, 777-842)

À la demande des sœurs de la malheureuse Dryade, Cérès imagine d’infliger comme châtiment à Érysichthon le supplice de la faim. Sur ordre de la déesse, qui lui prête son char et ses dragons, une Oréade part pour la lointaine Scythie où réside la déesse Faim, à qui elle doit transmettre l’ordre de Cérès : affamer Érysichthon et l’empêcher d’assouvir sa fringale. La nymphe découvre la Faim, être effrayant et repoussant, dans une région aride, au-delà du Caucase. De loin elle lui fait part de sa mission, puis s’en retourne en Thessalie. (8, 777-813)

La Faim, miraculeusement transportée en Thessalie, a tôt fait d’inoculer à Érysichthon un irrépressible besoin de manger. La faim tourmente aussitôt le coupable encore endormi. La fringale impossible à satisfaire qu’il ressent à son réveil prend une allure véritablement épique. (8, 814-842)

 

Atterrées par le dommage qu’elles et la forêt ont subi, les Dryades,

ses sœurs, en vêtements noirs, se rendent toutes chez Cérès ;

en pleurs, elles la prient d’infliger un châtiment à Érysichton.

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La toute belle les approuva et, d’un mouvement de tête,

ébranla les champs chargés de lourdes moissons.

Elle met en œuvre un type de châtiment qui inspirerait la pitié

si suite à ses actes ce criminel pouvait apitoyer quelqu’un :

le tourment par la Faim, funeste fléau. Ne pouvant personnellement

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aborder la déesse (Cérès et la Faim ne peuvent se rencontrer,

les destins l’interdisent), elle convoque une des divinités

de la montagne, une agreste Oréade et lui parle en ces termes :

“ Il existe sur les plus lointains rivages de la Scythie glaciale,

un sol désolé, une terre stérile, sans fruits, sans arbres.

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C’est là qu’habitent le Froid qui paralyse, la Pâleur et le Tremblement,

ainsi que la Faim insatiable. Ordonne-lui de se cacher dans les entrailles

de ce criminel sacrilège ; que l’abondance de nourriture

n’ait pas raison d’elle, et qu’elle lutte pour vaincre ma puissance.

La distance ne doit pas t’effrayer : prends mon char et mes dragons,

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avec ces rênes tu les maîtriseras dans les airs ! ”, et elle les lui confia.

L’Oréade, à travers les airs, parvint en Scythie sur le char

qu’elle avait reçu et, au sommet d’une montagne glacée,

appelée Caucase, elle dégagea de leur joug les cous des dragons.

Dans un champ caillouteux, elle aperçoit celle qu’elle cherchait, la Faim,

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en train d’arracher avec ses ongles et ses dents des herbes bien rares.

Elle avait les cheveux hérissés, les yeux creusés, le visage livide,

les lèvres blanchies et pleines de taches, la gorge éraillée et irritée,

la peau coriace, à travers laquelle on pouvait voir ses viscères.

Ses os décharnés saillaient sous son échine courbée.

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La place du ventre était là, mais le ventre pas ; on aurait dit

que sa poitrine pendait, maintenue par l’ossature de l’épine dorsale.

La maigreur faisait ressortir ses articulations, ses genoux enflés

étaient tout ronds et ses talons démesurément protubérants.

Dès qu’elle la voit de loin (car elle n’a pas osé l’approcher),

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la nymphe lui transmet les ordres divins. Elle ne s’attarda guère,

mais, bien qu’assez éloignée, bien qu’à peine arrivée,

il lui sembla pourtant ressentir la faim. Alors, elle tourna bride,

et par la voie des airs reconduisit les dragons en Hémonie.


La Faim exécuta les ordres de Cérès, bien que toujours toutes deux

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agissent à l’opposé l’une de l’autre ; transportée par le vent

à travers les airs jusqu’à la demeure indiquée, la Faim gagne aussitôt

la chambre du profanateur, enfoncé dans un profond sommeil

(c’était la nuit). Elle entoure le personnage de ses deux bras,

se laisse aspirer par lui, lui souffle son haleine dans la gorge, la poitrine

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et la bouche, répandant dans ses veines le désir de manger.

Une fois sa mission accomplie, elle quitte le monde de l’abondance

et regagne sa demeure sans ressources, dans sa campagne familière.

Le doux Sommeil de ses ailes paisibles berçait encore Érysichthon.

Une vision apparue en rêve le pousse à chercher à manger :

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sa bouche mâche du vide, ses dents s’épuisent à se heurter,

son gosier, abusé par une nourriture imaginaire, s’active

mais, en lieu de repas, il dévore en vain l’air inconsistant.

Dès que le sommeil l’a quitté, une furieuse envie de manger

s’est emparée de son gosier avide et de ses entrailles insatiables.

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Tout de suite, il exige ce que peuvent produire la mer, la terre, l’air,

et devant les tables bien garnies, il se plaint d’être contraint au jeûne ;

entouré de mets, il cherche d’autres mets. Ce qui suffirait

à nourrir des cités, tout un peuple, ne suffit pas à lui seul,

et plus son ventre engloutit de nourriture, plus il en désire.

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C’est ainsi que la mer recueille les fleuves de toute la terre,

absorbant, sans être saturée, toutes les eaux des rivières lointaines,

ainsi que le feu vorace, consumant des poutres sans nombre,

jamais ne refuse aucun aliment, c’est ainsi que plus on lui en donne,

plus il en réclame, et plus leur abondance même le rend vorace ;

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ainsi la bouche de l’impie Érysichthon avale tous les mets

et en même temps en réclame ; toute nourriture est une raison pour lui

de se nourrir et toujours elle laisse un vide à combler en mangeant.

 

Érysichthon, sa fille M(n)estra et la fin lamentable de l’impie (8, 843-878)

Ayant épuisé toutes ses richesses pour acheter de quoi manger, Érysichthon finit par vendre comme esclave sa propre fille, M(n)estra. Refusant cette condition avilissante, M(n)estra invoque Neptune, redevable à son égard pour lui avoir enlevé sa virginité, et lui demande son aide. Neptune la transforma à son insu en pêcheur et ainsi lui permit d’échapper à son propriétaire. Quand elle fut débarrassée de son poursuivant, elle retrouva sa forme première. (8, 843-870)

Son père, tirant parti du don de sa fille, la vendit à plusieurs reprises, pour se procurer de la nourriture. Grâce à diverses métamorphoses, elle échappait chaque fois à ses maîtres. Puis quand cette ressource aussi fut épuisée, Érysichthon finit par se nourrir de ses propres membres. (8, 871-878)

 

Et déjà à cause de sa faim et du gouffre de son ventre sans fond

il avait réduit son patrimoine, sans avoir atténué, même alors,

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sa terrible fringale et le feu ardent de son gosier inapaisé.

Enfin, une fois sa fortune engloutie dans ses entrailles,

il lui restait une fille, qui ne méritait pas un tel père.

Sans ressources, il la vend elle aussi ; par fierté elle refuse un maître

et, mains tendues au-dessus des flots tout proches, elle dit :

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“ Arrache-moi à mon maître, toi qui as l’avantage

d’avoir ravi ma virginité ! ” Neptune avait eu cet avantage,

et il ne rejeta pas sa prière : alors que le maître derrière elle

venait de l’apercevoir, Neptune la revêt d’une forme nouvelle,

d’un visage d’homme, et d’une tenue appropriée aux pêcheurs.

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La voyant, le maître dit : “ Toi qui tiens tes hameçons de bronze

suspendus, dissimulés sous de maigres appâts, et qui manies le roseau,

je te souhaite une mer toujours calme, des poissons dans l’onde,

toujours confiants, qui ne voient l’hameçon qu’après être ferrés.

Il y a peu, une fille mal habillée, les cheveux en désordre,

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était debout sur ce rivage, oui, je l’ai vue debout sur le rivage.

Dis-moi où elle est ; car ses pas ne vont pas plus loin. ”

Elle comprit que l’intervention du dieu arrivait à point nommé, et amusée

d’être interrogée sur elle-même, elle rétorqua à son interlocuteur :

“ Qui que tu sois, excuse-moi. Je n’ai pas quitté ces eaux des yeux

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pour regarder ailleurs, et je suis resté absorbé par mon travail.

Et pour que tu n’en doutes pas, je souhaite que le dieu des eaux m’aide

dans mon métier seulement si personne, moi excepté évidemment,

et surtout aucune femme, n’a paru depuis longtemps sur ce rivage ”.

Son maître la crut, fit demi-tour et, foulant le sable sous ses pas,

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s’en alla, bien dupé. Quant à elle, sa forme lui fut rendue.


Dès qu’il comprit que sa fille pouvait se métamorphoser,

son père la vendit souvent à des maîtres, elle, la petite-fille de Triopas ;

et elle, tantôt cavale, tantôt oiseau, bœuf un jour, cerf une autre fois,

elle s’échappait, offrant à son père affamé des aliments malhonnêtes.

875

Cependant, lorsque la violence de son mal eut épuisé tous les aliments

et eut donné de nouvelles pâtures à sa pénible maladie,

il déchira lui-même ses propres membres, se mit à les arracher

en se mordant, et le malheureux se nourrit de son corps en le mutilant.

 

Conclusion (8, 879-883)

Achéloüs termine brusquement son récit en signalant sa propre aptitude à se métamorphoser, annonçant ainsi le début du livre 9. (8, 879-883)

 

Pourquoi m’attarder à des exemples extérieurs ? Je possède aussi,

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jeunes gens, le pouvoir de prendre de nouvelles formes, limitées en nombre.

En effet, tantôt je suis moi-même et apparais tel, tantôt je deviens serpent,

tantôt chef d’un troupeau, je concentre mes forces dans mes cornes,

dans mes cornes, tant que j’ai pu le faire. Maintenant, comme tu vois,

un côté de mon front est désarmé. » Des gémisssements suivent ces mots.

 

Table des matières

 

Notes

son garant (8, 725). Lélex, qui vient de terminer l’édifiante histoire de Philémon et Baucis (8, 611-724, et en particulier les vers 617, 622-623 et 718-724).

Thésée (8, 726). Thésée était l’hôte d’Acheloüs (cfr 8, 547).

fleuve de Calydon (8, 727). Le fleuve Acheloüs (cfr 8, 549) étant relativement distant de la ville de Calydon (plusieurs dizaines de kilomètres à l’ouest), l’expression « fleuve de Calydon » (Calydonius amnis, en latin) doit donc s’entendre au sens large.

Protée (8, 731). Protée est un dieu marin, au service de Poséidon/Neptune. Généralement localisé près de l’embouchure du Nil, il est doté du pouvoir de revêtir des formes multiples, d’où notre terme « protéiforme » ; il est aussi devin. Présent chez Homère (Odyssée, 4, 382-570) et chez les Tragiques grecs, il apparaît également dans les Géorgiques, 4, 387ss. Cfr aussi Ovide, Fast., 1, 367-375 ; Mét., 11, 224-257. Le récit qui suit va faire intervenir certains personnages qui, à l’exemple de Protée, ont le don de se métamorphoser.

épouse d’Autolycos, fille d’Érysichthon (8, 738). C’est notamment le cas du premier personnage que va présenter Ovide. C’est Mestra (ou Mnestra), qui n’est pas désignée par son nom, mais par la périphrase « épouse d’Autolycos et fille d’Érysichthon ». Autolycos, l’époux de Mestra, était un fils de Hermès/Mercure et de Chioné ; il était devenu le plus habile des voleurs, réussissant toujours à échapper à ses poursuivants, grâce à son pouvoir de se métamorphoser ou de transformer ses larcins. On le retrouvera en Mét., 11, 313. Érysichthon, le père de Mestra, est le fils (parfois le frère) du roi Triopas. C’est un héros thessalien, un impie notoire, que Cérès punira en l’affamant. Érysichthon et sa fille sont au centre du récit d’Ovide. Ils interviennent aussi dans la littérature grecque. Callimaque a longuement traité d’Érysichthon dans son Hymne 6 (À Déméter), qu’on comparera avec intérêt au récit d’Ovide. Le poète alexandrin ne fait pas état d’une fille d’Érysichthon, qui serait dotée du don de métamorphose et qui aurait accepté d’être vendue à plusieurs reprises pour aider son père, mais cela ne signifie pas que le personnage de Mestra était inconnu à son époque. Hésiode en effet, bien antérieur à Callimaque, la mentionne comme une fille d’Érysichthon et précise même qu’Érysichthon était aussi appelé Aithon (« l’Insatiable  ») (Hésiode, Fragments, 43 1-B-C, Merkelbach-West ; cfr aussi Lycophron, Alexandra, 1393s). L’histoire apparaît aussi, sous une forme un peu différente, chez Antoninus Liberalis, Métamorphoses, 17, 5, où est évoquée « Hypermestre qui, à plusieurs reprises, se prostituant sous sa forme de femme, se faisait payer, et devenant homme rapportait de quoi vivre à son père Aethon  ». Elle est encore racontée par Palaiphatos (Histoires incroyables, 23), dans l’optique propre à cet auteur du IVe siècle p.C.n.

Cérès (8, 741). Nom romain de la déesse Déméter. Cfr Mét., 8, 274 et passim ; voir aussi 3, 437 et surtout 5, 341 et passim ; Fast., 4, 393-416.

Dryades (8, 746). Nom donné aux nymphes des arbres et des forêts.

quinze brasses (8, 748). Des érudits se sont livrés à de savants calculs, les brasses (ulna) étant évaluées entre 45 cm et 1,776 m. Ovide recourt à dessein à l’hyperbole dans tout ce contexte.

fils de Triopas (8, 751). Triopas, roi de Thessalie, était le père (ou le frère) d’Érysichthon (cfr n. à 8, 738).

Déo (8, 758). Nom donné par les poètes grecs à Déméter/Cérès. Cfr Mét., 6, 113-114 et la note.

Oréade (8, 787). Nom donné aux nymphes des montagnes, souvent associées aux Dryades et Hamadryades, les nymphes des arbres et des forêts.

Scythie (8, 788). Contrée lointaine et glaciale, au nord de la mer Noire (Pont Euxin). Cfr Mét., 1, 64 ; 2, 224.

Froid... Pâleur... Tremblement (8, 791). Personnifications chères à Ovide (cfr 4, 481-484). On trouve assez régulièrement des abstractions personnifiées dans la poésie latine. On peut songer par exemple à Virgile, Én., 6, 273-284.

Faim (8, 792). Personnification, qui donnera lieu à une description impressionnante aux vers 800-808.

mon char (8, 794). Le char attelé de dragons ailés que Cérès/Déméter prêta à Triptolème, quand elle le chargea de faire connaître le blé aux hommes (Cfr Mét., 5, 642-647).

Caucase (8, 798). Comme la Scythie (Mét., 8, 788), le Caucase évoque souvent une contrée lointaine, glaciale et inhospitalière. Cfr Mét., 2, 224.

Hémonie (8, 813). Synonyme de Thessalie (Mét., 5, 306).

Sommeil (8, 823). Personnification du sommeil (Somnus) chez les poètes latins, calquée sur le dieu grec Hypnos.

une fille (8, 847). C’est M(n)estra, qu’Ovide ne désigne pas par son nom, qu’il présente comme la fille d’Érysichthon ou la descendante de Triopas (vers 872). Aimée de Poséidon-Neptune qui lui aurait ravi sa virginité, elle aurait obtenu du dieu le don de la métamorphose. C’est Ovide qui nous livre sur elle le plus de détails.

Pourquoi m’attarder... (8, 879-884). Acheloüs termine brusquement son récit, centré sur la capacité des êtres à prendre des formes nouvelles (Protée, M[n]estra, Autolycos), en faisant maintenant allusion à sa propre possibilité de se métamorphoser (fleuve, serpent, taureau). L’absence d’une de ses cornes annonce la suite de son récit, qui va faire intervenir Hercule. Ces vers constituent donc une transition entre le livre 8 et le début du livre 9, et trouveront là leur explication.