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Une fois la contrée de Calydon débarrassée du sanglier, Thésée prit le chemin d’Athènes, mais, non loin de Calydon, Achéloüs, dieu du fleuve, à ce moment-là déchaîné, l’invita à faire halte chez lui, en attendant la décrue. Ravi d’accueillir un hôte prestigieux, le dieu-fleuve introduit Thésée et ses compagnons dans ses appartements, humides mais luxueusement décorés, pour un banquet à la romaine.
Thésée cependant qui avait pris sa part à la chasse commune
partait pour la citadelle d’Érechthée, protégée par la Tritonide.
L’Achéloüs, tout gonflé de pluie, lui coupa la route et le retarda
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dans sa marche : « Illustre Cécropide, entre dans ma demeure, » dit-il
« ne confie pas ta vie à la rapacité des flots. Souvent ils charrient
des troncs solides et roulent à grand fracas des rocs à la dérive.
J’ai vu près de mes rives de solides étables emportées
avec les animaux qu’elles abritaient ; et cette fois là, il ne servit à rien,
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ni aux bœufs d’être forts, ni aux chevaux d’être rapides.
De même, devenu torrent lors de la fonte des neiges de la montagne,
mon cours a englouti bien des jeunes pêcheurs dans ses tourbillons agités.
Mieux vaut faire une halte, en attendant que le fleuve regagne
ses rives familières, qu’il retienne dans son lit ses eaux baissées. »
Le fils d’Égée approuva et répondit : « Acheloüs, j’userai
de ta demeure et de ton conseil. » Et il usa de l’une et de l’autre.
Il pénétra dans un atrium fait de pierre ponce pleine de trous
et de tuf non poli ; une mousse légère gardait la terre humide,
conques et autres coquillages alternés tapissaient le haut plafond.
Et comme Hypérion avait déjà parcouru les deux tiers du jour,
Thésée et ses compagnons d’épreuves prirent place sur des lits ;
d’un côté, le fils d’Ixion, de l’autre, le héros de Trézène, Lélex,
aux tempes couvertes déjà de quelques cheveux blancs,
puis tous ceux que le fleuve d’Acarnanie, tout heureux d’accueillir
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un hôte si prestigeux, avait jugés dignes du même honneur.
Au cours du banquet, Achéloüs raconte à Thésée l’histoire des îles qu’ils aperçoivent devant eux. Cinq Naïades, offrant un sacrifice aux divinités champêtres avaient négligé de l’honorer, lui Achéloüs. Par vengeance il se mua en torrent dévastateur et précipita dans la mer les nymphes et la terre qui les portait, les métamorphosant ainsi en cinq îles, appelées Échinades. (8, 571-589)
En appendice, il raconte aussi la métamorphose de Périmélé, une île isolée des autres Échinades. Achéloüs avait privé de sa virginité la jeune Périmélé, dont il s’était épris. Apprenant le déshonneur de sa fille, Hippodamas précipita la malheureuse du haut d’un rocher, pour la perdre, mais Achéloüs la recueillit et obtint de Neptune, devant qui il reconnut sa propre faute, que sa bien-aimée soit métamorphosée en une île qui puisse désormais servir de havre pour les marins. (8, 590-610)
Aussitôt, on disposa des tables, que des nymphes aux pieds nus
chargèrent de mets ; puis, une fois les plats retirés, elles servirent du vin
dans des coupes de pierres précieuses. Le héros grand entre tous,
regardant au loin la mer étendue sous ses yeux : « Quel est ce lieu ? »
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dit-il, en le montrant du doigt : « Apprends-moi le nom
que porte cette île, qui toutefois n’a pas l’air d’être seule ! »
À cela le fleuve répond : « Ce que tu vois n’est pas un bloc unique ;
il s’agit de cinq terres ; l’espace entre elles est imperceptible.
Et pour que tu sois moins surpris du geste de Diane offensée,
580
ces terres étaient jadis des Naïades qui, un jour où elles avaient immolé
dix bœufs et invité les dieux des champs aux rituels sacrés,
menèrent leurs chœurs de fête, en m’oubliant complètement.
Je me gonflai de colère, mon débit était puissant comme jamais,
et mon ressentiment aussi grand que mes eaux étaient hautes.
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J’arrachai des arbres aux forêts et des terres aux champs ;
les Nymphes et leur lieu de séjour, je les fis rouler dans la mer,
où enfin elles se souviennent de moi. Mes flots et ceux de la mer
ont détaché une bande de terre, qu’ils ont divisée en portions égales,
autant que d’Échinades que tu aperçois parmi les flots.
590
Toutefois, comme tu le vois, au loin, bien loin, il y a en retrait
une île isolée, qui m’est chère – les marins l’appellent Périmélé – ;
c’est moi qui ai enlevé à cette fille que j’aimais son titre de vierge.
Son père Hippodamas le supporta mal et propulsa dans l’abîme
du haut d’un rocher le corps de sa fille, pour la faire mourir.
595
Je la recueillis, la soutins tandis qu’elle nageait et je dis : “ Porte-Trident,
que le sort fait régner sur l’onde errante, second royaume du monde,
[Viens ici où nous, fleuves sacrés, venons finir notre course,
ô Neptune, et écoute avec bonté celui qui t’implore.
Oui, moi, j’ai fait tort à cette fille que je porte ici.
600 600a 601
Si son père Hippodamas avait été doux et juste, ou moins injuste,
il aurait dû avoir pitié d’elle, et me pardonner.]
Viens en aide, je t’en prie, à une fille noyée par un père cruel
et donne-lui un refuge, ou alors qu’elle puisse, elle aussi, être un refuge !
[Puissé-je la serrer encore dans mes bras ! ” Le roi des mers acquiesça
en inclinant la tête, et son geste ébranla toutes les ondes.
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La nymphe avait peur, mais elle nageait toujours. Moi, je touchais
sa poitrine haletante et tremblante, pendant qu’elle nageait ;
et comme je la caressais, je sentis tout son corps se durcir
et son buste disparaître sous une couche de terre.]
Et tandis que je parlais, une terre nouvelle emprisonna ses membres
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et une île se développa, lourde de ses membres métamorphosés. »
Le récit d’Achéloüs suscite l’incrédulité de Pirithoüs concernant le pouvoir des dieux à provoquer des métamorphoses. Lélex prétend prouver le contraire par un récit. (8, 611-619)
Il dit avoir vu personnellement en Phrygie un lieu où s’élevaient un chêne et un tilleul entourés d’un muret, près d’un lac. Un jour, Jupiter et Mercure, vêtus comme de simples mortels et passant par là, avaient demandé l’hospitalité aux habitants, qui tous les avaient rabroués. Seuls Philémon et Baucis, deux vieux très unis, qui supportaient dignement et sans récrimination leur modeste existence, se montrèrent envers leurs hôtes inconnus particulièrement hospitaliers et généreux, leur offrant une profusion de mets rustiques tirés de leurs réserves. (8, 620-678)
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Dès lors, le dieu-fleuve se tut. Ce prodige les avait tous émus ;
alors, contempteur des dieux comme il était et esprit fort,
le rejeton d’Ixion se moqua de leur crédulité en disant :
« Tu inventes des fables, Achéloüs, et tu juges les dieux trop puissants,
si tu crois qu’ils donnent et retirent leurs formes aux choses ».
Tous restèrent sidérés et désapprouvèrent de telles paroles,
en particulier Lélex, dont l’âge avait mûri l’esprit et qui dit :
« La puissance céleste est immense, elle n’a pas de limites,
et quoi qu’ils aient voulu, les dieux d’en haut l’ont accompli.
Mon récit te rendra moins sceptique : il y a dans les collines
de Phrygie, à côté d’un tilleul, un chêne entouré d’un muret.
J’ai moi-même vu cet endroit. Pitthée en effet m’avait envoyé
dans les terres où avait régné autrefois son père Pélops.
Non loin de là se trouve un lac, autrefois terre habitable, peuplée
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maintenant par les plongeons et les foulques des marais.
Jupiter, sous l’aspect d’un mortel, vint en ces lieux ; le petit-fils d’Atlas
accompagnait son père, il portait son caducée, et n’avait pas ses ailes.
Ils frappèrent à mille portes, cherchant un endroit où se reposer :
mille portes verrouillées se fermèrent. Une seule maison les accueillit,
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petite, à la vérité, au toit couvert de chaume et de roseaux des marais.
Là habitaient une vieille femme pieuse, Baucis, ainsi que Philémon,
du même âge qu’elle ; unis depuis leur jeunesse, ils avaient vieilli
dans cette maison et leur pauvreté leur avait toujours paru légère,
parce qu’ils l’avouaient et la supportaient sans ressentiment.
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Il ne faut pas vouloir chercher là maîtres et serviteurs,
à deux ils sont toute la maison, obéissant et donnant les ordres.
Donc, les dieux du ciel arrivèrent en ces humbles pénates,
et dès qu’ils en eurent franchi la porte en baissant la tête,
le vieillard les invita à se reposer en leur avançant un siège,
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sur lequel Baucis empressée avait jeté un tissu grossier.
Dans l’âtre elle écarta la cendre encore tiède, ranima le feu
de la veille, l’alimentant de feuilles et d’écorces sèches,
et faisant repartir la flamme avec son souffle de vieille femme.
Puis elle découpa en morceaux du bois fendu et des brindilles sèches
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venant d’une remise, qu’elle plaça sous un chaudron de bronze.
Elle épluche et découpe les légumes cueillis par son mari
dans le potager bien entretenu ; à l’aide d’une pique à deux dents,
elle décroche un dos de porc fumé pendu à une poutre noircie,
et de cette échine longtemps conservée elle prélève
650
une petite tranche qu’elle attendrit dans l’eau bouillante.
Entre-temps ils trompent les heures d’attente en bavardant.
[Les occupants cherchent à tromper l’attente des visiteurs. Il y avait là,
suspendu à un clou par une anse courbe un baquet en bois de hêtre.
On le remplit d’eau tiède, pour que les hôtes y réchauffent leurs membres ;
655 656a 655a
au centre de la pièce, on pose un matelas d’algues tendres
sur un lit dont le cadre et les pieds étaient en bois de saule.]
Ils secouent un matelas d’algues tendres provenant du fleuve
et le posent sur le lit dont le cadre et les pieds sont en osier ;
ils le couvrent d’un tissu qu’ils n’avaient l’habitude d’étendre
que lors d’une fête ; mais ce tissu aussi était vieux,
sans valeur, et il ne détonnait pas sur un lit d’osier.
660
Les dieux s’y étendirent. Robe retroussée, et toute tremblante,
la vieille pose une table, dont un des trois pieds était trop court ;
un tesson le mit à bonne hauteur. Posé sous le pied, il supprima
l’inclinaison, et la table stabilisée fut frottée avec des menthes fraîches.
Des olives vertes et noires, présents de la pure Minerve,
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des courges d’automne conservées dans du vinaigre,
des chicorées sauvages, du raifort, du fromage fait de lait pressé,
des œufs retournés avec adresse sur une cendre peu ardente,
le tout dans de la vaisselle de terre. Après cela,
on installe un cratère ciselé dans le même argent
670
et des coupes en hêtre, à l’intérieur enduit de cire blonde.
Peu de temps après, arrivent du fourneau des plats chauds,
et à nouveau on ressert le même vin, qui n’est pas bien vieux.
Ensuite on écarte un peu les coupes pour faire place au second service.
Voici maintenant des noix, des figues mêlées à des dattes ridées,
675
des prunes et des pommes parfumées dans de larges corbeilles,
du raisin cueilli dans des vignes aux feuilles empourprées,
et au milieu un éclatant gâteau de miel. Mais par dessus tout cela,
il y avait leurs bons visages et leur accueil aussi actif que généreux.
Voyant se renouveler sans cesse le vin qu’ils servaient, les vieux pressentent le caractère divin de leurs hôtes et, confus à l’idée de les avoir reçus trop chichement, ils s’apprêtent à leur sacrifier leur unique oie, quand les dieux alors se présentent sous leur vrai jour. Ils annoncent qu’un châtiment frappera leurs voisins impies, recommandent aux vieillards de quitter leur demeure et de les accompagner jusqu’au sommet de la montagne. Ce que, en dépit de leur grand âge, ils s’empressent de faire docilement. (8, 679-694)
Du sommet, ils aperçoivent leur contrée complètement submergée, à l’exception de leur propre cabane, transformée en un temple luxueux. Jupiter leur proposant alors d’émettre un vœu, ils demandent simplement à devenir les prêtres et gardiens de ce temple, et surtout de mourir ensemble, pour rester unis dans la mort comme ils le furent dans la vie. (8, 695-710)
Ainsi, prêtres du temple, ils firent aux pèlerins les honneurs des lieux, jusqu’au jour de leur métamorphose en deux arbres voisins, devenus objets de vénération. Tel fut le récit de Lélex. (8, 711-724)
Pendant ce temps, ils voient que le cratère tant de fois vidé
680
se remplit spontanément et que le vin augmente en quantité.
Ce fait étrange les frappe de stupeur et de crainte.
Impressionnés, mains levées, Baucis et Philémon prient,
demandent pardon pour le manque d’apprêts de leur repas.
Ils ne possédaient qu’une oie, gardienne de leur modeste masure ;
685
et ils étaient prêts à la sacrifier en l’honneur de leurs hôtes divins.
Le volatile avec ses ailes rapides épuise ses maîtres ralentis par l’âge,
longtemps il leur échappe et finalement semble avoir trouvé refuge
auprès des dieux mêmes, qui s’opposent à ce qu’on le tue, disant :
“ Nous sommes des dieux, et l’impiété de vos voisins
690 693a 693b
recevra un châtiment mérité. À vous, il sera donné d’échapper
à ce malheur. À l’instant, quittez votre maison, accompagnez
notre marche et gravissez avec nous le sommet de la montagne ! ”
Tous deux obéissent et s’aidant de leurs bâtons,
[“ Venez avec nous ! ” Suivant les dieux, tous deux obéissent,
appuyant sur des bâtons leurs membres appesantis par la vieillesse]
ils gravissent pas à pas, avec effort, la longue pente.
695 697a 698a
Ils étaient éloignés du sommet à la distance que peut parcourir
une flèche une fois lancée ; tournant les yeux, ils voient qu’un lac
a submergé toutes les maisons, que seule la leur reste debout ;
et tandis qu’ils s’étonnent et déplorent le sort de leurs voisins,
[Ils voient les inondations et cherchent le toit sacré de leur ferme ;
elle seule subsistait. Tout en déplorant le sort de leurs proches,]
cette vieille masure, qui était petite même pour ses deux maîtres,
700
se métamorphose en temple ; les étançons deviennent des colonnes ;
les chaumes redeviennent jaunes et le toit apparaît tout doré,
la porte a des battants ciselés et le sol est couvert de marbre.
Alors le fils de Saturne d’une voix bienveillante déclara :
“ Toi vieillard au cœur droit, et toi digne épouse d’un juste,
705
dites-moi, que souhaitez-vous ? ” Philémon échange quelques mots
avec Baucis, puis dévoile aux dieux leur décision commune :
“ Devenir vos prêtres et surveiller vos sanctuaires,
tel est notre souhait et, puisque que nous avons vécu unis des années,
que la même heure nous emporte tous deux, que jamais je ne voie le bûcher
710
de mon épouse, que jamais elle ne doive me dresser un tombeau. ”
Ce vœu se réalisa exactement : ils furent les gardiens du temple,
tant que dura leur vie. Épuisés par les ans et leur grand âge,
un jour où ils se tenaient debout devant les degrés du temple,
racontant l’histoire des lieux, Baucis vit des feuilles poussant sur Philémon
et le vieux Philémon vit des feuilles poussant sur Baucis.
Et tandis que déjà leurs deux visages se couvraient de feuillage,
tant qu’ils le purent, ils échangèrent des propos : “ Adieu, chère âme ”,
dirent-ils ensemble, et pendant ce temps leurs bouches disparurent
sous une branche. En ce lieu, un habitant du pays de Thynos,
de nos jours encore montre deux troncs voisins, nés de ces deux corps.
Voilà ce que m’ont raconté des vieillards, bien réels,
qui n’avaient aucune raison de me tromper. Et j’ai même vu des guirlandes
suspendues à ces branches, et j’en ai posé des nouvelles, en disant :
“ Que les dieux prennent soin des dieux, et qu’on honore leurs fidèles. ” »
Transition. Vers 8, 547-570. Ce passage constitue une transition entre la légende de Méléagre (8, 260-546) et le long passage consacré à divers récits chez Achéloüs (8, 571-9, 88). Un fil conducteur, assez ténu, les relie : Thésée, présent de part et d’autre, mais jamais au premier plan. Rappelons que, revenant de Crète où il avait tué le Minotaure, il regagnait l’Attique, mais s’était arrêté en Étolie à la demande des habitants pour les aider à se défaire du sanglier qui dévastait la région de Calydon.
Thésée (8, 547). Thésée regagnait Athènes, appelée ici la citadelle d’Érechthée, un des rois mythiques de la ville (6, 677 ; 6, 701 ; 7, 697).
Tritonide (8, 548). Pallas-Athéna, la grande divinité d’Athènes, était née sur les bords du Triton, d’où le surnom de Tritonide qui lui est régulièrement donné (cfr 5, 645 et aussi 5, 250-1 et 5, 270 ; 3, 127 ; 2, 794).
Achéloüs (8, 549). Fleuve de l’Hellade, l’Achéloüs, aujourd’hui Aspropotamos, sépare l’Étolie de l’Acarnanie et se jette dans la mer Ionienne, à l’entrée du golfe de Patras, à une trentaine de km. à l’ouest de Calydon. Thésée a donc suivi un trajet inattendu pour rejoindre Athènes, mais on sait Ovide assez approximatif dans ses notations géographiques. La mythologie présente Achéloüs comme le dieu du fleuve, fils de Téthys et Océan, aîné de trois mille frères, père ou frère des Sirènes, et objet de diverses légendes (cfr notamment Mét., 8, 549-610 et 9, 1-98).
Cécropide (8, 550-551). Thésée, fils d’Égée (8, 560), est un descendant de Cécrops. Cfr 2, 555 ; 6, 70 ; 7, 671, etc.
Hypérion (8, 565). Le fils du Soleil, ou le Soleil ou Apollon lui-même (cfr Mét., 4, 192, et 4, 241 ; Fast., 1, 385). La périphrase indique que l’on approchait de la fin du jour.
fils d’Ixion (8, 567). Pirithoüs est le fils d’Ixion (8, 303 ; 8, 403-410).
Lélex, héros de Trézène (8, 567-568). Sur Lélex, héros éponyme des Lélèges, une population primitive prégrecque, que les mythographes anciens retrouvent dans divers endroits de la Grèce, cfr la n. à 7, 443. En 7, 443, Lélex est lié à Mégare ; en 8, 312, Ovide le fait venir de Naryx, une ville de Locride, et ici il le définit comme un « héros de Trézène ». C’est ce Lélex qui, à partir de 8, 616, racontera l’épisode de Philémon et de Baucis.
fleuve d’Acarnanie (8, 569). Achéloüs (8, 549).
cinq terres (8, 578). Les îles Échinades, dont il sera question plus loin dans la note au vers 589.
offensée (8, 579ss). La colère de Diane évoquée en 8, 273-283 rappelle par certains points celle d’Achéloüs dans ce passage.
Naïades (8, 580). Ce sont des Nymphes (8, 586), filles de Zeus ou d’Océan, déesses des eaux vives et de la nature. En Mét., 2, 325, elles pleurent Phaéton, et en 3, 505-506, elles pleurent Narcisse. Cfr aussi Mét., 6, 329, et Fast., 1, 405 et 1, 512.
Échinades (8, 589). C’est un groupe d’îles peu habitées de la mer Ionienne, au large des côtes de l’Acarnanie, non loin de l’entrée du golfe de Corinthe et de l’embouchure du fleuve Achéloüs. Elles apparaissent déjà dans Homère (Iliade, 2, 625) et dans Hérodote (II, 10, 3). Si l’on fait abstraction de ce passage d’Ovide, elles ne jouent qu’un rôle insignifiant dans la mythologie. Le nombre de cinq (vers 578) ne correspond pas aux réalités géographiques d’aujourd’hui. Mais il ne faudrait pas en conclure que les Échinades étaient cinq au temps d’Ovide.
Périmélé (8, 591). Ovide est le seul auteur à nous avoir raconté la métamorphose qui a donné naissance à cette île, qu’il présente comme située en retrait par rapport aux autres Échinades. Aucune des Échinades modernes ne porte ce nom, qui n’est toutefois pas rare dans la mythologie grecque.
Hippodamas (8, 593). Ce père intransigeant de Périmélé n’est pas sans rappeler l’attitude du père de Leucothoé (Mét., 4, 234-255). Selon d’autres versions (Apollodore, 1, 7, 3), Hippodamas serait le fils d’Achéloüs et de Périmélé.
Porte-Trident (8, 595). Le Trident est un attribut bien connu de Poséidon/Neptune, qui régnait sur la seconde part de l’univers réparti entre les trois frères Zeus/Jupiter, Poséidon/Neptune et Hadès/Pluton. Cfr par exemple Homère, Iliade, 15, 187-193 ; Ovide, Mét., 2, 290-291 ; 5, 529 ; Fast., 5, 495.
Viens ici... (8, 597-608). Passage peu sûr. Certains éditeurs considèrent les vers 597-600a et 603-608 comme non authentiques. Ils sont ici entre crochets et en italiques, comme dans le texte de G. Lafaye, que nous suivons.
dieu-fleuve (8, 611). Achéloüs (Voir 8, 549 ; 8, 569).
rejeton d’Ixion (8, 613). Sur Pirithoüs, rejeton d’Ixion, cfr. Mét., 8, 303 ; 8, 403-410 ; 8, 567. Ici apparaît le thème récurrent de l’incrédulité à l’égard de la puissance des dieux, évoqué dans les Métamorphoses, par exemple à propos de Lycaon (1, 221-229), de Penthée (3, 527-563), des Minyades (4, 1-3 et 31-39), d’Acrisius (4, 604-614). -- Ixion, comme Pirithoüs, étaient réputés « contempteurs » des dieux, Ixion pour avoir poursuivi Junon de ses assiduités (4, 461, qui renvoie à Én., 6, 601 et note) et Pirithoüs pour avoir voulu enlever Perséphone des enfers.
Lélex (8, 617). Cfr la note à 8, 567-568.
mon récit (8, 620). L’histoire de Philémon et Baucis ne nous est connue que par ce texte des Métamorphoses, chef d’œuvre de la littérature universelle (Fr. Bömer), qui sera notamment imité par La Fontaine, Philémon et Baucis, Livre XII, Fable 25. On ne connaît pas avec précision la source d’Ovide. Quoi qu’il en soit, ce conte illustre le motif « topique » de l’accueil fait aux dieux par des braves gens de modeste condition.
Phrygie... Pitthée... Pélops (8, 621-623). L’histoire de Philémon et de Baucis se situe donc en Asie Mineure. Ovide évoque quelques aspects de la légende de Pélops, fils du roi de Phrygie Tantale. Après bien des aventures, Pélops était arrivé dans le Péloponnèse, où il devint roi, après avoir épousé Hippodamie. Il est notamment le père des Atrides et l’initiateur des Jeux Olympiques (voir 6, 404-411 et la note). Pitthée, roi de Trézène, était un des fils de Pélops et d’Hippodamie ; il était aussi le père de Lélex et le grand-père de Thésée, qu’il éleva à sa cour (8, 312 et 6, 418).
petit-fils d’Atlas (8, 627). Hermès/Mercure, fils de Jupiter et de la Pléiade Maia, fille d’Atlas (cfr Fast., 5, 83-88 et 5, 662-664 avec les notes). Le caducée et les ailes sont deux des attributs caractéristiques du dieu-messager par excellence de Zeus/Jupiter (Mét., 2, 708 et 741-742).
dieux du ciel... (8, 637). Cette visite de dieux, incognito, dans une humble demeure peut par certains côtés être rapprochée de la légende de la naissance d’Orion (cfr Fast., 5, 493-522).
Les occupants... (8, 652-656a). Ces vers ne sont pas considérés comme authentiques par certains éditeurs. Nous adoptons la version de l’édition G. Lafaye, en mettant en italiques et entre crochets les passages suspects.
pure Minerve (8, 664). On sait que Pallas/Athéna/Minerve était vierge, et que l’olivier lui était consacré (cfr 8, 274).
même argent (8, 669). Par ironie, le cratère étant en terre cuite, comme le reste de la vaisselle .
enduit de cire (8, 670). Pour rendre les coupes moins poreuses et aussi pour masquer les aspérités du bois.
on ressert (8, 672). C’est toujours le même vin qui est proposé.
pas bien vieux (8, 672). Ce n’est donc pas un vin de grande qualité, comme pouvait l’être le Falerne ou le Cécube, dont il est parfois question dans les textes.
second service (8, 673). Le second service (mensa secunda en latin) se compose de douceurs et/ou de fruits (cfr aussi 9, 91-92). On songera au dessert (dolce o frutta) de l’Italie actuelle.
Venez... (8, 693a-b). Deux vers absents de certains manuscrits et mis entre crochets dans l’édition G. Lafaye.
Ils voient (8, 697a-698a). Idem.
fils de Saturne (8, 703). Zeus/Jupiter.
pays de Thynos (8, 719). Le texte est peu sûr. Si on fait intervenir Thynos, il existe bien un héros de ce nom. En le citant, Lélex voudrait-il accréditer son récit ? Mais celui-ci est localisé en Phrygie (vers 621), et la Bithynie et la Phrygie sont deux régions différentes. Il est vrai que les Anciens (et Ovide en particulier) ne sont pas toujours très précis en matière géographique.
deux troncs (8, 720). Il s’agit du tilleul et du chêne évoqués au vers 8, 621.
Que les dieux prennent soin des dieux, et qu’on honore leurs fidèles (8, 724). Nous avons proposé une traduction littérale du texte latin adopté ici, mais il faut savoir que la tradition manuscrite est hésitante (di ou dii, sint ou sunt, colantur ou coluntur), que des conjectures modernes ont été proposées (dis au lieu de di ou dii) et que de toute manière le sens n’est pas clair. G. Lafaye, dont nous suivons le texte, traduit : « Que les mortels aimés des dieux soient des dieux eux-mêmes ; à ceux qui furent pieux sont dus nos pieux hommages ». J. Chamonard qui a choisi en latin Cura pii dis sunt, et qui coluere coluntur, traduit « Les hommes pieux sont chéris des dieux, et ceux qui les ont honorés sont à leur tour honorés ».