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Philomèle, au fond de sa retraite forcée, imagine un stratagème et fait transmettre secrètement à Procné un message tissé sur une toile et relatant ses malheurs. Procné, qui est seule avec sa sœur à connaître la conduite monstrueuse de Térée, décide alors de se venger, prête à franchir les limites de l’interdit. (6, 571-586)
Désormais sans illusion sur son époux, elle profite des fêtes en l’honneur de Bacchus et simule le délire propre aux Bacchantes pour aller délivrer Philomèle et la ramener au palais, cachée sous les attributs du dieu, pampres et feuilles de lierre. (6, 587-600)
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Le dieu déjà avait parcouru les douze signes et un an avait passé ;
que pouvait faire Philomèle ? Des gardes empêchent sa fuite,
les murs de l’étable se dressent, construits de blocs de pierre,
sa bouche muette ne peut signaler ce qui s’est passé.
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Mais la douleur est très ingénieuse, et l’habileté naît du malheur.
Adroitement, elle tendit sur un métier barbare des fils de chaîne
et parmi les fils blancs elle tissa des lettres pourpres,
qui dénonçaient le forfait. L’ouvrage fini fut confié à une femme,
une seule, et elle la chargea par gestes de le porter à sa maîtresse.
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Suite à cette demande, la servante transmit le message à Procné,
sans en connaître la portée. L’épouse du cruel tyran déroule le tissu,
découvre le sort misérable de sa sœur et – qu’elle ait pu se taire
est étonnant ! – elle ne dit rien. La douleur lui ferme la bouche,
et les mots qu’elle cherche, assez forts pour traduire son indignation,
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lui manquent. Sans prendre le temps de pleurer, prête à mêler
permis et interdit, elle se rue, toute à l’idée d’imaginer un châtiment.
C’était le temps de la célébration des fêtes triennales de Bacchus
par les jeunes femmes de Sithonie ; la nuit est complice de ces mystères.
La nuit, le Rhodope résonne des tintements aigus des bronzes.
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Cette nuit-là, la reine sort de sa demeure ; on la pare pour célébrer
les rites du dieu et elle prend les armes propres aux fêtes orgiaques.
Elle a la tête couverte de pampres, à son flanc gauche
pend une peau de cerf, sur son épaule repose une lance légère.
Poussée à travers les bois avec la foule de ses compagnes,
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Procné, effrayante et agitée par les furies de la douleur,
feint, ô Bacchus, d’être en proie à tes furies. Elle parvient enfin
à la bergerie à l’écart des chemins, elle hurle, crie évohé, brise les portes,
enlève sa sœur qu’elle revêt aussitôt des attributs de Bacchus,
lui dissimule le visage sous des feuilles de lierre, puis entraîne
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la jeune fille stupéfaite qu’elle conduit dans les murs de sa demeure.
Procné a ramené au palais sa sœur épouvantée et pétrie de honte. Elle lui fait part en secret de la nécessité de se venger de Térée, l’artisan de leurs malheurs à toutes deux. Très décidée, elle hésite encore sur le moyen à mettre en œuvre. Mais l’arrivée de son jeune fils Itys lui donne une idée. (6, 601-623)
À la vue de l’enfant pourtant caressant et enjoué et malgré un court moment d’attendrissement, elle conçoit un plan diabolique et l’on pressent que la vengeance des deux sœurs se fera au détriment de l’enfant. Dans une pièce retirée, elles tuent Itys, le mettent en pièces et préparent ses chairs pour les servir comme repas à Térée. (6, 624-646)
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Dès que Philomèle comprit qu’elle avait rejoint la maison maudite,
la malheureuse fut épouvantée, et tout son visage devint blême.
Ayant trouvé l’endroit voulu, Procné dégage de sa tenue rituelle
sa pauvre sœur et dévoile son visage plein de confusion.
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Elle cherche à l’embrasser, mais en face d’elle, Philomèle ne peut
lever les yeux, car elle estime être une rivale pour sa sœur.
Alors, baissant la tête vers le sol, elle veut jurer et attester
devant les dieux que ce déshonneur lui fut infligé par la force,
se servant de ses mains en guise de voix. Procné, brûlante de colère,
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ne se contient plus et s’en prend aux pleurs de sa sœur,
en disant : « Il faut agir, non pas avec des larmes, mais par le fer,
ou un autre moyen, si tu en connais un, plus efficace que le fer.
Pour ma part, ma sœur, je suis prête à toutes les impiétés :
ou bien je mettrai le feu au palais avec des torches
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et j’enverrai dans les flammes Térée, l’artisan de malheur,
ou bien je lui arracherai la langue et les yeux avec une arme de fer,
ainsi que l’organe qui t’a déshonorée, ou bien par mille blessures
j’expulserai son âme coupable ! Je suis prête à un acte d’envergure :
sur ce qu’il sera, j’hésite encore. » Tandis que Procné achevait de parler,
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Itys rejoignait sa mère. Cette arrivée lui suggéra un moyen d’action.
Le regardant d’un œil sans douceur, elle dit : « Ah !
Que tu ressembles à ton père ! ». Et sans parler davantage,
bouillonnant d’une colère silencieuse, elle prépare son acte affreux.
Cependant, quand l’enfant s’approcha pour saluer sa mère,
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quand, lui posant ses petits bras autour du cou, il l’attira vers lui
et lui donna des baisers qu’il mêlait à des caresses enfantines,
sa mère, sans doute, fut touchée, sa colère se brisa et s’arrêta,
et ses yeux, involontairement, se mouillèrent de larmes contenues.
Mais lorsqu’elle sentit son âme fléchir sous un excès de tendresse,
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elle se détourna de lui, reporta les yeux vers le visage de sa sœur
et, les regardant tour à tour, dit : « Pourquoi celui-ci m’adresse-t-il
des mots affectueux, quand elle, privée de sa langue, reste silencieuse ?
Pourquoi n’appelle-t-elle pas “ sœur ”, celle que lui appelle “ maman ” ?
Vois, fille de Pandion, l’époux à qui tu es unie ! Tu trahis ta race !
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C’est un crime de respecter la piété à l’égard d’un mari comme Térée. »
Sans attendre, elle entraîna Itys, comme une tigresse du Gange
entraîne à travers de sombres bois un faon encore à la mamelle.
Quand elles furent parvenues en une pièce reculée du palais,
comme l’enfant tendait les mains et, pressentant son destin fatal,
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criait « maman ! maman ! », cherchant à s’accrocher à son cou,
Procné le frappe d’un coup d’épée, sur le côté, à l’endroit du cœur,
et sans détourner le visage. Un seul coup aurait été fatal ;
pourtant Philomèle aussi, avec le fer qu’elle tenait, lui tranche la gorge.
Puis elles découpent ses membres vivants, qui retenaient encore
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un peu de vie. Des morceaux bouillonnent au creux des chaudrons,
d’autres crépitent sur des broches ; la pièce est pleine de sang.
Procné trouve un prétexte pour isoler Térée et elle lui sert comme repas, à son insu, les chairs de son fils. Et quand tout est consommé, lorsque Térée demande Itys, Procné éprouve une joie mauvaise à le renseigner, tandis que Philomèle apporte la preuve du meurtre en lançant la tête d’Itys à la face de son père. Désespéré, Térée cherche à poursuivre ses ennemies. (6, 647-666)
Ce long récit se termine par la description très succincte de la métamorphose soudaine des deux sœurs en oiseaux, l’une ayant gagné la forêt (le rossignol ?), et l’autre se réfugiant sous les toits (l’hirondelle ?). Quant à Térée, il est devenu une huppe. (6, 667-674)
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Procné fait venir à table Térée, qui n’est conscient de rien,
et, prétextant un rituel ancestral que le droit religieux réservait
à son seul époux, elle éloigne ses compagnons et ses serviteurs.
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Térée assis sur le trône élevé de ses aïeux se met à manger
et c’est sa propre chair qu’il accumule dans son estomac.
Grande est la nuit de son esprit ! « Faites venir ici Itys ! »,
dit-il. Procné ne peut dissimuler une joie cruelle, et désireuse déjà
d’annoncer elle-même le désastre qu’elle a provoqué,
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elle dit : « Celui que tu réclames, tu l’as à l’intérieur. » Il regarde
autour de lui et cherche où est l’enfant. Il le cherche et l’appelle encore ;
alors, telle qu’elle était, les cheveux défaits lors de ce meurtre de furies,
Philomèle bondit et lance la tête sanglante d’Itys à la face de son père.
Plus que jamais, elle aurait souhaité alors pouvoir parler
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et témoigner sa joie par des paroles bien méritées.
Le Thrace, en poussant un grand cri, repousse la table et évoque
de la vallée du Styx les sœurs à la chevelure de serpents.
Tantôt il voudrait, si c’était possible, s’ouvrir la poitrine,
en expulser ces mets infâmes et mettre au jour ses entrailles ;
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tantôt il pleure et s’appelle lui-même le triste bûcher de son enfant ;
tantôt encore, l’épée dégainée, il poursuit les filles de Pandion.
Les Cécropides, aurait-on dit, avaient leurs corps suspendus à des ailes ;
ils étaient suspendus à des ailes. L’une d’elles gagne les forêts,
l’autre pénètre sous les toits ; jusqu’à nos jours les traces du meurtre
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n’ont pas quitté sa poitrine et son plumage est marqué de sang.
Quant à lui, Térée, dans son chagrin et son désir de vengeance,
il s’est mué en un oiseau rapide, à la tête surmontée d’une aigrette.
Il porte un bec démesuré qui fait saillie comme une longue épée ;
cet oiseau, dont la tête semble porter une arme, est la « huppe ».
Pandion, mort prématurément, a pour successeur sur le trône d’Athènes son fils Érechthée, père entre autres de deux filles. L’une d’elles, Procris, devient l’épouse heureuse de Céphale, descendant d’Éole. Borée, le Vent du Nord, qui ne parvient pas par la persuasion à obtenir l’autre fille, Orithye, décide de l’enlever de force, le moyen qui lui est le plus naturel. (6, 675-701)
Il enlève dans un tourbillon sa bien-aimée et l’emmène épouvantée en Thrace, où il l’épouse et la rend mère de deux jumeaux, Calaïs et Zétès, lesquels, devenus adultes, partiront avec les Myniens à la conquête de la Toison d’or. (6, 702-721)
Cette douleur envoya Pandion chez les ombres du Tartare,
avant le jour fixé, avant le terme ultime d’une longue vieillesse.
Le sceptre du pays et le gouverment des affaires échut à Érechthée
dont on ne sait s’il s’imposa plus par la justice que la force des armes.
Il était le père de quatre jeunes gens et d’autant de filles,
deux d’entre elles étaient égales par la beauté.
Céphale, le decendant d’Éole, devint ton heureux époux, Procris
l’une des quatre ; Borée pâtissait du tort causé par Térée et les Thraces :
longtemps, il ne put obtenir la main d’Orithyie, sa bien-aimée,
tant qu’il la demanda en préférant les prières à la force.
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Mais, la douceur n’aboutissant à rien, il fut gagné par la colère
trop habituelle, voire trop familière au vent qu’il est, et dit :
« Je l’ai bien mérité ! En effet, pourquoi ai-je renoncé
à mes armes : la violence, la force, la colère et les menaces ?
Pourquoi employer des prières, dont l’usage ne me convient pas ?
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La force, c’est mon affaire : par la force, je chasse les sombres nuées,
par la force, j’agite les mers et renverse les chênes noueux,
je fais durcir les neiges et je frappe les terres à coups de grêle.
De même, lorsque je rencontre mes frères dans l’espace ouvert du ciel
– car c’est là mon champ d’action –, je lutte avec tant d’effort
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que l’éther qui se trouve entre nous, retentit de nos affrontements,
et que jaillissent des éclairs arrachés au creux des nuages.
C’est encore moi qui, pénétrant dans les galeries creusées
sous la terre et soulevant de mon dos ses profondes cavernes,
épouvante de mes secousses les Mânes et le monde entier.
Doté de ce pouvoir, j’aurais dû exiger le mariage, et je devais non pas
supplier mais contraindre Érechthée de devenir mon beau-père ».
Borée, sur ces propos ou d’autres tout aussi résolus,
secoua ses ailes, dont les battements répandent son souffle
sur la terre entière et font frissonner la vaste surface marine.
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Traînant sur les sommets des monts son manteau de poussière,
il balaie la terre et, protégé par l’obscurité, l’amant saisit
dans ses ailes fauves Orithyie éperdue d’épouvante.
Durant son vol, ses feux attisés s’embrasèrent plus fortement
et le ravisseur ne relâcha pas les rênes de sa course aérienne
avant d’avoir atteint le peuple des Cicones et leurs remparts.
C’est là que l’Actéenne, l’épouse du roi des glaces,
devint mère et mit au monde des fils jumeaux,
qui avaient tout de leur mère, si ce n’est des ailes comme leur père.
Mais d’après la tradition, ils n’avaient pas ces ailes à leur naissance.
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Tant que leur barbe ne poussa pas au-dessous de leur chevelure rutilante,
Calaïs et Zétès furent des enfants dépourvus de plumage ;
bientôt, en même temps, des ailes, comme chez les oiseaux,
se mirent à couvrir leurs flancs, en même temps qu’un duvet blondit leurs joues.
Donc, dès que l’enfance eut cédé le pas au temps de la jeunesse,
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ils partirent avec les Minyens sur une mer inconnue, avec le premier bateau,
à la conquête de la toison brillante aux poils étincelants.
douze signes (6, 571). Les douze signes du zodiaque, que le soleil parcourt en une année. Nouvelle expression recherchée (cfr 6, 438-439) pour rendre la progression du temps.
métier barbare (6, 576-578). Philomèle est enfermée en Thrace, un monde barbare, et Térée a un comportement de barbare (cfr 6, 458-460 et 6, 533). L’évocation du métier à tisser rappelle l’histoire d’Arachné (cfr 6, 1-145, et spécialement la note aux vers 53-54). La suite rappelle d’une certaine manière le cas d’Io, victime innocente de la passion de Jupiter, et qui, réduite au silence, trouva elle aussi un stratagème pour communiquer avec son père (1, 568-746, plus spécialement 647-650).
une seule... (6, 579-585). Ovide multiplie les indications concernant le caractère secret du contact établi entre les deux sœurs : une seule intermédiaire, et qui ne connaît pas le contenu du message ; l’incapacité de parler de Procné.
permis et interdit (6, 586). Notation prémonitoire. La vengeance de Procné sera monstrueuse.
fêtes triennales de Bacchus (6, 587). La Thrace passe pour la patrie de Bacchus (cfr Fastes, 4, 458). Rien d’étonnant dès lors qu’on y célèbre ses fêtes. Mais leur caractère triennal n’est confirmé par aucun autre témoignage : il peut s’agir d’une invention d’Ovide. Quoi qu’il en soit, on est reporté à la légende de Penthée, très liée aux mystères de Bacchus (3, 511-733, surtout 692-733). Rappelons que Penthée sera tué par sa mère en proie au délire bacchique.
Sithonie (6, 588). La Sithonie est une des presqu’îles de Chalcidique en Thrace. Le mot est employé ici comme synonyme de Thrace.
Rhodope (6, 589). Le Rhodope est une montagne de Thrace (cfr 6, 87 et la note).
la reine sort (6, 590). À la différence des vraies Bacchantes, Procné simule le délire bacchique, mais reste maîtresse de la situation.
armes (6, 591). Non pas les armes au sens militaire du terme, mais l’attirail, l’équipement rituel, qui sera détaillé dans les vers suivants : des pampres, une peau de cerf, une lance légère.
sœurs à la chevelure de serpents (6, 662). Les Érinyes appelées aussi les Euménides (6, 430-432). Voir aussi n. à 4, 452 et 4, 474.
Cécropides (6, 667). Cécrops étant un roi mythique d’Athènes (6, 446), les Cécropides désignent ici les Athéniennes Procné et Philomèle, filles de Pandion. La métamorphose des deux sœurs en oiseaux (le rossignol et l’hirondelle) était sans doute fort connue. Sophocle notamment avait écrit une tragédie maintenant disparue, Térée. Cela explique peut-être la concision d’Ovide, qui ne fait que suggérer de quels oiseaux il s’agit, sans les nommer. Les hirondelles auraient des plumes vaguement rouges sur la gorge. Les récits toutefois ne sont pas uniformes et des variantes existent. Selon Hygin (Fab., 45), Procné est l’hirondelle et Philomèle le rossignol ; pour Apollodore (Bibl., 3, 14, 8 [193-195], cité dans la n. à 6, 424), Procné devint un rossignol et Philomèle une hirondelle. Les poètes romains font généralement de Philomèle le rossignol, son nom évoquant davantage la musique (« qui aime le chant »). Le rôle des sœurs aussi peut varier : ainsi Philomèle est parfois présentée comme la femme de Térée.
huppe (6, 674). Sur le sort de Térée aussi, les récits ne sont pas uniformes. Pour certains (Ovide, Apollodore), il est transformé en huppe, pour d’autres (Hygin), en épervier. La huppe est un « oiseau passereau de la grosseur d’un merle, ayant une touffe de plumes sur la tête » (Larousse). L’épervier, lui, est un oiseau rapace diurne, long de 30 à 40 centimètres.
Cette douleur (6, 675). Les malheurs de ses filles, victimes de Térée, causèrent la mort de Pandion. Voir l’épisode précédent, notamment 6, 486-510.
Érechthée (6, 677). Érechthée est le fils de Pandion, donc le frère de Procné et de Philomèle. Devenu roi d’Athènes, et époux de Praxithea, il eut de nombreux enfants (huit, dit Ovide), dont deux filles particulièrement et également belles, Procris et Orithye, dont il va être question plus loin.
Céphale... Procris (6, 681-682). Procris, une des filles d’Érechthée, est l’épouse de Céphale. Les deux personnages sont simplement évoqués ici, en attendant de plus longs développements qui leur seront consacrés au livre 7, 661-865. De l’autre fille d’Érechthée, Orithye, qui deviendra l’épouse de Borée, il sera question plus en détail dans le passage suivant.
Borée (6, 682). Borée est le dieu du Vent du Nord, appelé aussi Aquilon. Il habite en Thrace, un pays froid pour les Grecs, et il est représenté comme un démon ailé, doté d’une force brutale. Fils d’Éos (l’Aurore) et d’Astrée, il est le frère de Notos et de Zéphyr et appartient à la race des Titans. Une des principales légendes le concernant est le rapt d’Orithyie, que développe ici Ovide. Étant Thrace, Borée a souffert à Athènes de la mauvaise réputation du barbare Térée, venu lui aussi de Thrace. – Le rapt d’Orithyie par Borée est souvent représenté dans l’iconographie antique. Platon, dans le Phèdre (229b), situe l’événement sur les bords de l’Ilisos, et montre Phèdre interrogeant Socrate sur le sens de cette légende.
C’est encore moi... (6, 697-699). Beaucoup de savants, en particulier les Stoïciens, expliquaient les tremblements de terre par l’action de certains vents souterrains (G. Lafaye).
Cicones (6, 710). Peuple habitant les montagnes sur la côte méridionale de la Thrace. « Dans l’Odyssée (9, 39-66), Ulysse raconte comment, avec ses compagnons, il met leur ville à sac, tuant les guerriers et pillant les richesses » (J.-Cl. Belfiore).
l’Actéenne (6, 711). Acté est un ancien nom de l’Attique, tiré de celui que portait son premier roi Actaios (2, 554 et 2, 720). « Actéenne » ne veut rien dire d’autre que « Athénienne », et le mot désigne ici Orithye.
fils jumeaux (6, 712). Il s’agit de Calaïs et de Zétès, qui seront nommés au vers 716, et qui sont deux des nombreux fils de Borée et Orithyie. Ils participèrent à l’expédition des Argonautes, où ils sont notamment impliqués dans la légende des Harpyes et de Phinée (7, 2-4, mais surtout Apollonius de Rhodes, Argonautiques, 2, 240-290 ; et Virgile, Én., n. à 3, 209-211).
Minyens (6, 720-721). « Le nom de Minyens était donné aux Argonautes, dit Hygin (Fab., 14), parce que plusieurs d’entre eux étaient issus en ligne maternelle de Minyas, en particulier leur chef Jason » (J. Chamonard). Il a déjà été question dans les Métamorphoses de Minyas, roi d’Orchomène, et de ses trois filles, Leucippé, Aristippé et Alcithoé, les Minyades (cfr 4, 1-415). – L’expédition des Argonautes, partis à la conquête de la Toison d’or sur le navire Argo, le premier bateau à avoir été construit, est l’objet de l’épopée du 3ème siècle av. J.-C., du poète alexandrin Apollonius de Rhodes, Les Argonautiques ; Ovide traite de ce sujet au début du livre sept.